Plusieurs experts et autres personnalités de marque ont dénoncé, cette semaine, le silence de la Communauté internationale face à la situation sécuritaire préoccupante qui caractérise la partie Est de la RD. Congo. Au cours d'une émission spéciale à la Radio-télévision nationale congolaise, ils ont attiré son attention sur la persistance des massacres de paisibles citoyens, occasionnés notamment par l'activisme de nombreux groupes armés dont le FDLR, qui a totalisé 30 ans depuis sa création. Lors de son intervention à ce rendez-vous médiatique, ce mercredi 17 avril, le Général Sylvain Ekenge, le Porte-parole des Forces armées de la République démocratique Congo (FARDC), a rappelé que cette situation ne doit pas demeurer inchangée au regard des morts que le pays continue de compter. Pour lui, ce mouvement d'origine rwandaise constitue une menace permanente pour la RDC et ses populations.
«En 1994, les ex-FAR sont entrés chez nous contre la volonté des congolais avec armes et munitions... Quand ils sont entrés chez nous, ils ont constitué des groupes. On vous a détaillé le processus qui a conduit à la création de FDLR au sein duquel il y a eu des scissions... Aujourd'hui, s'il y a une menace de FDLR, elle pèse plutôt sur les congolais que sur les rwandais. Je me suis toujours posé cette question. C'est une question que je pose à la Communauté internationale et aux rwandais : "depuis que les FDLR sont là, combien de fois ils ont déjà attaqué le Rwanda ?
Pourquoi les considérer comme une menace pour les rwandais alors que la grande facture est payée par les congolais ? Les FDLR s'attaquent aux congolais, les FDLR tuent les congolais. Plus de 10 millions de congolais ont été tués durant les trente dernières années. Les FDLR ont beaucoup contribué dans cet effectif de morts. C'est pour dire qu'à l'heure actuelle, les FDLR ne constituent plus une menace pour le Rwanda», a affirmé le Général Sylvain Ekenge, sur le plateau de la Télévision nationale. Il a été complété par d'autres experts dont Patrick Mutombo Kambila, ancien coordonnateur adjoint du Mécanisme national de suivi, qui, pour sa part, est revenu, brièvement, sur le contexte du lancement de ce groupe rebelle.
«Avant qu'on en arrive au contexte FDLR, il faut d'abord qu'on analyse le contexte dans lequel ce groupe s'est constitué. On se souvient tous qu'il y eut un drame au Rwanda. Lorsque l'avion du Président Habyarimana était fauché par un obus. Il y eut un mouvement. Et nous avons eu sur le sol congolais une masse de hutus rwandais qui fuyaient la guerre. Ils se sont d'abord constitués dans ce qu'ils ont appelé le Rassemblement pour la Démocratie et le Retour de Réfugiés. Au départ, c'était un groupe qui s'organisait comme des réfugiés qui doivent rentrer chez eux.
Et finalement, il y a eu ralliement des autres forces hutues rwandaises qui ont fui pour constituer ce qu'on a appelé le comité de coordination pour la résistance. Ils se sont par la suite mués dans ce qu'on a appelé l'Alliance pour la Libération du Rwanda (ALIR) avant de passer à un autre sigle qu'on appelle PALIR. Mais, il faut attendre 2000 pour voir l'entité FDLR se constituer et de se voir fondre toutes les autres organisations dans une méga organisation qu'ils ont appelée finalement Force Démocratique pour la Libération du Rwanda. Mais, ça ne s'est pas arrêté là. Il y a eu d'autres tendances ou d'autres branches à l'intérieur qui ont donné par exemple ce qu'on appelle le CNRD, qui était considéré comme un branche modérée à côté d'une branche dure de FDLR », a-t-il soulevé, dans son intervention.
Présent également dans cette émission, le député honoraire de Goma, Juvenal Munubo, a levé l'équivoque autour des premiers massacres causés par le FDLR, aux premières heures de sa création. « (...), il y a eu génocide au Rwanda. Les tutsis avaient perdu le pouvoir en 1959 lors de la Toussaint rwandaise. Il y a eu des massacres et les tutsis sont allés dans les pays voisins. Les hutus sont restés au pouvoir pratiquement jusqu'en 1994. Kagame, qui était dans la diaspora, était appuyé par Museveni. Museveni a joué un très grand rôle pour recruter les tutsis. Il les a hébergés et a facilité des attaques à partir de Kampala. Et donc, les attaques ont commencé début des années 90 jusqu'à 94», a-t-il tranché, lui qui maitrise encore cette situation à la base des dégâts énormes dans l'Est du pays.