Sénégal: Des journalistes formés à Saly sur le journalisme d'investigation dans le secteur extractif

Saly — Une trentaine de journalistes ont entamé une formation de quatre jours sur les enjeux du journalisme d'investigation dans le secteur extractif, à l'initiative du Forum civil et de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS), a constaté l'APS, jeudi, à Saly (ouest).

L'organisation de la session de formation fait partie des activités du Programme pour la transparence et la redevabilité dans le secteur extractif au Sénégal, mis en oeuvre par l'Agence des États-Unis d'Amérique pour le développement international (USAID).

L'USAID déroule ce programme pour "accroître la transparence et les mécanismes de responsabilisation dans les secteurs miniers, gaziers et pétroliers" au Sénégal.

L'agence américaine de développement dit chercher en même temps, avec cette initiative, à "améliorer la gestion et la répartition des revenus au bénéfice des citoyens sénégalais".

"Il faut que la presse s'investisse sur le terrain de la transparence. Le journalisme d'investigation, dans un secteur aussi important que l'extraction minière, peut contribuer à assoir la transparence", a dit Birahim Seck, le coordonnateur du Forum Civil, la section sénégalaise de Transparency International, une organisation dédiée à la lutte contre la corruption.

"Aujourd'hui, les citoyens doivent connaître les parts de production, les enjeux de la transition énergétique [et des] négociations de contrats entre l'État et les multinationales", a poursuivi M. Seck au début de la session de formation.

Des représentants des sociétés nationales d'hydrocarbures, dont Petrosen, de la Société des mines du Sénégal et du Réseau gazier sénégalais ont pris part à l'ouverture de l'atelier de formation, sous la présidence du député Abass Fall, le président de la commission chargée de l'énergie et des ressources minières à l'Assemblée nationale.

Le coordonnateur du Forum civil a insisté sur la nécessité d'élaborer une politique publique transparente répondant aux normes en vigueur en matière de gestion et d'exploitation de l'or, des phosphates, du zircon et des autres ressources naturelles.

La dette extérieure du Sénégal et la lutte contre les flux financiers illicites seront abordées lors de la formation, selon M. Seck.

Seydina Aba Guèye, membre du bureau exécutif de la CJRS, a parlé de l'importance du journalisme d'investigation pour la gestion du bien public. "Nous parlons beaucoup du journalisme d'investigation au Sénégal mais on en fait peu, très peu même. Le journalisme d'investigation, ce n'est pas de la délation", a-t-il dit en rappelant qu'il s'exerce avec "un esprit de discernement".

Guèye a réitéré le plaidoyer de la CJRS en faveur du vote d'une loi sur l'accès à l'information au Sénégal.

Cette loi, une fois votée, permettra aux journalistes d'accéder aux contrats signés dans le secteur extractif et dans d'autres domaines, a-t-il dit.

"Une telle loi constituera la matière première d'un travail journalistique sérieux", a souligné Seydina Aba Guèye.

"La loi sur l'accès à l'information est un préalable aux initiatives relatives aux lanceurs d'alerte. Nous allons y travailler parce que notre credo est d'outiller [...] les journalistes", a assuré Birahim Seck.

Abass Fall a insisté sur la nécessité de "migrer vers de nouveaux paradigmes en matière de journalisme et d'investigation au Sénégal", dans un contexte où les nouvelles autorités du pays ont érigé la transparence en "credo de gouvernance".

"Les journalistes doivent être outillés davantage pour disposer des capacités techniques" leur permettant de bien informer les citoyens de la gestion faite de leurs biens, a ajouté M. Fall.

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