La photographie de scène est revenue au premier plan à partir des années 1960, sous l'influence du cinéma, de la mode et du théâtre. Aujourd'hui, il ne s'agit plus seulement de saisir un moment de vérité mais de raconter une histoire. C'est dans ce contexte que Zed Lebon, photographe d'auteur et directeur du festival Kokutan'Art, animera une conférence-débat sur ce sujet le 20 avril à l'Institut français du Congo, en marge du festival Slamouv qui se tient présentement à Brazzaville. Entretien avec l'artiste autour des éléments et des secrets techniques qui favorisent la réussite de cet art.
Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Peut-on savoir plus sur la photographie de scène ?
Lebon Zed (L.Z.) : La photographie de scène, c'est capturer l'énergie brute et l'émotion d'un moment en direct. Une capacité à saisir l'instant fugace ou la lumière, le mouvement et l'émotion se fondant en une seule harmonie. Chaque cliché est une histoire figée dans le temps, prête à être partagée et ressentie par ceux qui n'ont pas eu la chance d'être présents. La photographie de scène, c'est l'art de transformer l'éphémère en éternité.
L.D.B.C. : Quelles sont, selon vous, les étapes pour construire sa photographie ?
L.Z. : il y en a plusieurs parmi lesquelles il faut d'abord définir son sujet ou son intention. Choisir l'équipement adéquat (appareil photo, objectifs, accessoires). Trouver le bon angle et la bonne composition, gérer l'exposition (ouverture, vitesse d'obturation, sensibilité ISO), capturer l'instant décisif, post-traitement et retouche éventuelle pour améliorer l'image.
L.D.B.C. : Peut-on connaître les éléments importants qu'il faut considérer pour mieux capter les événements ?
L.Z. : Savoir anticiper et se familiariser avec le sujet ou l'événement, être attentif à l'éclairage et à la composition, s'adapter rapidement aux changements et aux mouvements, capturer les émotions et les moments clés, pratiquer régulièrement pour développer son intuition et sa réactivité.
L.D.B.C. : Comment arrivez-vous à élever une scène dans une photographie artistique étant donné que la question liée à sa vision a été compliquée par la technologie ?
L.Z. : La compréhension du sujet et son contexte reste primordiale. Ensuite, l'utilisation de la technologie à bon escient pour créer des effets visuels uniques. Expérimenter avec la composition, la lumière et les angles pour créer une perspective originale, s'inspirer de différents courants artistiques et développer un style personnel, chercher à transmettre une émotion ou une histoire à travers l'image.
L.D.B.C. : Pensez-vous que tout photographe est appelé à affronter sinon à capter les images de scène ?
L.Z. : Je pense que la photographie de scène est une forme d'art unique qui capture l'essence même des performances en direct. Elle demande à la fois une compréhension technique et une sensibilité artistique pour saisir les moments les plus significatifs et les plus expressifs. Chaque photographe peut apporter sa propre perspective et son interprétation personnelle, ce qui rend chaque image de scène unique et précieuse. Capturer l'énergie et l'émotion d'une performance en direct peut être à la fois stimulant et gratifiant pour un photographe, car cela permet de figer des moments éphémères pour l'éternité. J'ai beaucoup d'estime pour ces modèles : Sebastiao Salgado, Santu Mofokeng, Androa Mindre Kolo, Christian Boltanski. Ces artistes m'inspirent beaucoup. Merci "Les Dépêches du Bassin du Congo" de mettre en lumière et de donner de la valeur à ce que nous faisons.