Ile Maurice: Des mauriciens bloqués à Dubaï pendant plus de 48 heures

C'était du jamais-vu ! En 24 heures, Dubaï a reçu 240 mm de pluies, l'équivalent de deux années d'averses. Résultat : le pays a été paralysé depuis le mardi 16 avril. Les inondations ont causé un décès. Les rues étaient inondées, les voitures emportées et l'aéroport a dû être fermée car les pistes étaient recouvertes d'eau. Plusieurs Mauriciens se sont retrouvés à l'aéroport sans aucune information.

Le vol EK 702 avait quitté Maurice le mardi 16 avril à 16 h 35 pour atterrir à Dubaï à 23 h 10. Mais comme les pluies avaient déjà commencé, l'avion a eu environ une heure de retard. Une des passagères à bord de ce vol, âgée de 64 ans, devait par la suite s'envoler pour Paris par le vol EK 74 qui devait quitter Dubaï à 4 h 05. Mais la pagaille avait commencé bien avant. Un autre passager mauricien, accompagné de sa femme et de son fils, attendait depuis 7 heures le 16 avril pour partir en Chine le même jour, mais ils étaient toujours bloqués à l'aéroport.

Chaos

À l'intérieur de l'aéroport, des milliers de passagers de plus de 70 vols étaient entassés. «Dès le début, nous avions très peu d'informations», avance-t-elle. Les employés d'Emirates aux comptoirs n'étaient pas plus informés. «On nous a fait comprendre que les rues étaient impraticables, donc, ils ne pouvaient pas venir.» Sur les écrans, les informations sur les vols n'étaient plus mises à jour. «De plus, à Dubaï, les appels par WhatsApp ne fonctionnent pas. Donc, il était très difficile de communiquer avec la famille», ajoute-t-elle. À un moment, il a été demandé à tous les passagers de quitter le salon d'embarquement pour se rendre dans les espaces communs, ce qui a amplifié la confusion. «J'ai rencontré des personnes qui étaient là depuis le matin et qui devaient se rendre en Chine. Ils avaient des enfants avec eux, et c'était encore plus difficile pour eux», avance notre interlocutrice.

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Quant au Mauricien qui devait se rendre en Chine, il explique qu'il y a eu plusieurs changements sans explications. «Depuis notre atterrissage, nous avons eu plus de quatre boarding passes émis, mais à chaque fois, le vol changeait. Et à chaque fois, il fallait faire plusieurs heures de queue.» À un moment, ils ont été embarqués dans un avion, où ils ont attendu plus de huit heures. «On nous a alors informés que ce n'est pas un problème technique, mais bien la météo et que de ce fait, il n'y aura pas de compensations», explique-t-il.

Sur le site de la compagnie, les horaires de vols ont constamment changé. Le vol vers Paris est passé à 9 h 05, puis 14 heures, ensuite 17 heures. Dans la soirée de mercredi, le site de l'aéroport de Dubaï affichait la reprise des activités pour les vols sortants. Puis, à un moment, tous les vols ont été affichés annulés. Mais à l'aéroport, toujours aucune information. La hotline de la compagnie ici sonnait occupé toute la journée. L'agence de voyages a expliqué qu'elle n'avait plus la main sur les réservations et qu'il fallait que le problème soit résolu sur place.

Sur X (ex-Twitter), la compagnie avait posté un lien pour changer de vol. Mais une fois sur le site, il était précisé qu'aucun changement ne pouvait être fait en ligne. Un passager qui est parti de Maurice pour l'Angleterre explique que ce chaos n'arrangeait pas les choses. «À un moment, aucun employé n'était visible. Il n'y a eu aucune préparation. Le vol n'aurait pas dû partir de Maurice», fustige-t-il.

Laissés pour compte

«On nous a dit qu'avec le boarding pass, on allait avoir à manger. Sauf que dans les restaurants sélectionnés, il y avait une foule monstre. Et après plus d'une heure d'attente, certains ont appris qu'ils n'auraient droit qu'à des nuggets ou un burger», explique la passagère. Elle a préféré alors s'acheter à manger. Pour dormir, chacun faisait comme il pouvait. Un coin de banc, un siège, une place par terre. Mais le repos était difficile. «Le plus dur était le manque d'informations. Nous étions constamment sur les nerfs et ne pouvions pas bouger de peur de rater une information cruciale si jamais quelqu'un décidait de communiquer.»

Le passager vers la Chine confirme : «On ne nous a pas donné d'hôtel car peu établissements sont sur la route du métro et les rues étaient impraticables.» Avec les coupons pour les repas, il a eu les mêmes soucis. Il a fallu attendre trois à quatre heures pour en récupérer un et attendre encore environ 45 minutes avant d'avoir accès dans un restaurant. Le premier soir, il a dormi, avec son épouse et ses enfants, par terre dans un coin de l'aéroport. Par la suite, il a pu avoir une chambre dans un hôtel de l'aéroport qu'il a dû payer lui-même. Cela lui a coûté environ Rs 18 000, repas non inclus. Le Mauricien se rendant en Angleterre explique qu'il a été embarqué dans un bus qui s'est arrêté après plus d'une heure et demie dans une station à essence pour une pause. Puis, les passagers ont été ramenés à l'aéroport sans explications.

En ligne, les changements se poursuivaient. Hier matin, les comptoirs étaient finalement opérationnels à nouveau. Notre interlocutrice a été mise sur le vol EK 073 qui devait décoller à 9 h 40 hier. Pour ensuite être reporté à plusieurs reprises avant de décoller à 13h30. Quant à l'autre passager, la compagnie a accepté de lui donner un vol vers la Chine via Hong-Kong, mais qui ne partira que ce matin. «Encore une fois, rien n'est sûr, il faut vraiment attendre que le vol décolle pour le savoir.»

Osman Mahomed : «16 heures pour un vol qui dure six heures»

Invité à la conférence de l'International Renewable Energy Agency à Abu Dhabi, du 16 au 18 avril, Osman Mahomed avait pris son avion lundi. «Le vol devait durer 6 heures, nous devions atterrir à 4 heures du matin», explique-t-il. Mais à l'arrivée, la situation ne permettait pas d'atterrir et l'avion a tourné pendant plusieurs heures. Finalement, il a dû atterrir dans un autre aéroport pour faire le plein d'essence avant de remettre le cap vers Dubaï avec 10 heures de retard. Puis, comme les routes étaient inondées, il a été difficile de se rendre à la conférence. «Beaucoup de personnes pensent que ces pluies sont liées au 'cloud seeding' que Dubaï fait pour avoir de la pluie, mais ce n'est pas le cas. C'est une tempête. C'est le changement climatique», avance le député rouge.

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