Congo-Kinshasa: Halte à la guerre des déclarations, Etat-Eglise - Noël Tshiani recommande le dialogue franc et sincère !

*"Je reconnais que la laïcité est le principe de séparation de l'Eglise et de l'Etat et garantie de la liberté de conscience. Parce que je suis catholique, j'aime beaucoup ma religion et respecte les leaders de mon Eglise. Et, parce que je suis nationaliste et patriote, j'aime et respecte les autorités de mon pays dans leurs efforts inlassables pour répondre aux défis de nos populations, lesquels défis se sont accumulés depuis l'indépendance du pays en 1960 et qu'il ne faut pas sincèrement et honnêtement blâmer seulement sur les autorités actuelles.

Parce que j'appartiens aux deux camps en présence, je voudrais contribuer à trouver des solutions pour que le pays retourne à la vie normale. Sans cela, il faut bien craindre le pire dont l'issue est imprévisible pour chacun des camps en présence. Pour cela, je propose la voie d'un dialogue franc et sincère entre l'Etat et l'Eglise, pour réaffirmer le principe constitutionnel de la laïcité de l'Etat et définir les règles du jeu et les limites des prédications religieuses dans le respect absolu et strict des lois du pays", écrit Noël Tshiani Muadiamvita, dans une nouvelle tribune d'expression libre dont la quintessence trouve son répondant dans le fossé qui se creuse chaque jour davantage entre l'Etat laïc en RD. Congo et l'Eglise catholique romaine.

Tribune d'expression libre

Séparation de l'Etat laïc et de l'Eglise

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*Lors de son discours à l'occasion du jubilé épiscopal de l'Evêque de Mbuji-Mayi (juin 2023), le Chef de l'Etat avait mis en garde certains prêtres de l'Eglise catholique qui utilisent les tribunes religieuses pour critiquer et s'attaquer aux autorités de l'Etat. Lors de la célébration de la fête de Pâques 2024, le Cardinal Fridolin Ambongo a utilisé l'occasion de la messe pour critiquer violemment les autorités de l'Etat, au point de justifier les rebellions meurtrières et gêner les fidèles qui ont suivi ce discours incendiaire. Le Cardinal affirme parler au nom des pauvres. Lors de son passage à l'aéroport international de N'djili pour voyager à Rome pendant le week-end dernier, le Cardinal se plaint de n'avoir pas été autorisé à entrer dans le salon VIP et d'être envoyé chez les pauvres qu'il est censé représenter. Il s'en est suivi une série de déclarations de l'Eglise catholique et des leaders politiques de l'Opposition désapprouvant cet incident.

Le vrai malaise

Devant ces incidents, personne ne se pose la question de savoir comment on est arrivé là et quel est le véritable problème qu'il faut régler pour que le pays fonctionne normalement et pour éviter que l'Etat n'offusque l'église et que l'église n'outrepasse pas sa mission et ses responsabilités. A mon avis, c'est la fameuse question de la séparation entre l'Etat laïc et l'église. A bien analyser la situation, tout le monde a raison et personne n'a tort. Mais si rien n'est fait, il faut s'attendre à ce que la relation entre l'Etat et l'Eglise catholique s'empire.

Séparation de l'Etat laïc et de l'Eglise

Il existe plusieurs Eglises en République Démocratique du Congo, un pays où existe le principe de la laïcité de l'Etat et où doit exister la séparation entre l'Eglise et l'Etat.

Je suis catholique mais, j'observe le comportement de toutes les Eglises du pays ainsi que leurs relations avec l'Etat et les autorités du pays. Pour avoir vécu dans plusieurs pays, j'ai une idée très claire du genre de relations existant entre les autorités du pays et les autorités de l'Eglise. Généralement les autorités de l'Etat s'occupent des affaires de l'Etat, et les autorités de l'Eglise s'occupent des affaires de l'Eglise. Il est inhabituel et rare de voir les autorités politiques s'immiscer dans les affaires de l'Eglise. De la même façon, il est rare et inhabituel de voir les leaders religieux s'immiscer dans les affaires de l'Etat ou critiquer ouvertement et sans retenue les leaders politiques. Comme partout ailleurs, l'Eglise doit être du côté des opprimés. Mais il y a lieu de défendre les pauvres et les sans voix sans paraître paternalistes et condescendants.

Hommage à l'Eglise Kimbanguiste

Je ne suis pas Kimbanguiste, mais je fréquente les leaders Kimbanguistes, y compris le Chef Spirituel et Représentant légal de cette Eglise. A l'occasion de la fête du 6 avril 2024 en mémoire du Prophète Simon Kimbangu, j'ai séjourné à Nkamba Nouvelle Jérusalem pendant deux jours, sur invitation personnelle de Papa Simon Kimbangu Kiangani. Je constate que le Chef Spirituel de l'Eglise Kimbanguiste et ses fidèles respectent scrupuleusement le principe de la séparation entre l'Eglise et l'Etat. Les Kimbanguistes prêchent la parole de Dieu et laissent l'État faire son travail. Les Kimbanguistes ne s'attaquent pas aux autorités politiques inutilement. En cas des préoccupations, les Kimbanguistes trouvent un moyen de donner leurs avis aux autorités politiques avec politesse et sans se livrer à des spectacles sur les ondes des radios et télévisions nationales et internationales.

Je trouve que cette façon de faire les choses est plus efficace car, les Kimbanguistes obtiennent beaucoup pour leurs communautés et le pays en étant plus diplomates, plus polis et moins bellicistes. Il n'y a pas de honte à apprendre des autres. Lorsqu'il s'agit de la séparation entre l'Etat et l'Eglise, il me semble que les Kimbanguistes constituent un modèle qui vaille la peine d'être émulé en République Démocratique du Congo.

Où allons-nous ?

Je reconnais que la laïcité est le principe de séparation de l'Eglise et de l'Etat et garantie de la liberté de conscience. Parce que je suis catholique, j'aime beaucoup ma religion et respecte les leaders de mon Eglise. Et, parce que je suis nationaliste et patriote, j'aime et respecte les autorités de mon pays dans leurs efforts inlassables pour répondre aux défis de nos populations, lesquels défis se sont accumulés depuis l'indépendance du pays en 1960 et qu'il ne faut pas sincèrement et honnêtement blâmer seulement sur les autorités actuelles. Parce que j'appartiens aux deux camps en présence, je voudrais contribuer à trouver des solutions pour que le pays retourne à la vie normale.

Sans cela, il faut bien craindre le pire dont l'issue est imprévisible pour chacun des camps en présence. Pour cela, je propose la voie d'un dialogue franc et sincère entre l'Etat et l'Eglise, pour réaffirmer le principe constitutionnel de la laïcité de l'Etat et définir les règles du jeu et les limites des prédications religieuses dans le respect absolu et strict des lois du pays.

Le 21 mars 2024, j'avais envoyé un tweet intitulé : « séparation de l'Etat Laïc et de l'Eglise » pour prévenir des débordements à venir. Les récents incidents ne sont que les débuts des débordements. Il faut s'attendre à pire si rien n'est fait pour anticiper les événements et éviter ces débordements.

La patrie ou la mort !

Professeur Noël K. Tshiani Muadiamvita

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