C'est ce qu'indique le nouveau rapport de l'Office des Nations unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) présenté vendredi 19 avril à Dakar. Sur les dernières années, l'ONUDC a observé une explosion de la production et de la consommation de cocaïne, de cannabis et d'opiacés dans les pays de la bande sahélienne. Avec l'implication notamment des groupes armés qui menacent la stabilité de la région. Cette forte augmentation du trafic s'illustre surtout par l'importance des saisies de drogue à travers le Sahel durant cette dernière décennie.
Ce sont les saisies record des dernières années, qui illustrent le mieux l'explosion du trafic de drogue dans le Sahel. Pour la cocaïne, les prises des forces de l'ordre sont passées de 13 kg par an entre 2015 et 2020, à plus de cent fois plus en 2022.
L'Afrique de l'Ouest reste la plaque tournante du trafic entre l'Amérique du Sud productrice et l'Europe toujours plus consommatrice.
Mais selon François Patuel, le responsable recherche de l'ONUDC en Afrique de l'Ouest et centrale, la production devient de plus en plus locale : « Le Niger a par exemple démantelé deux laboratoires de transformation de la cocaïne en crack, ce qui veut dire qu'il y a un effort aussi des trafiquants d'accroître la consommation locale puisque le crack est beaucoup moins cher que la cocaïne. Ca permet aux trafiquants de couper la cocaïne et de la vendre beaucoup moins cher mais à plus de personnes à moindre prix. »
En plus du cannabis marocain et de l'opioïde Tramadol, le trafic de drogue se porte bien au Sahel. Ce qui profite aux groupes armés, comme certains rebelles du CSP malien, souligne François Patuel : « Ils peuvent acheter des armes, de l'influence en corrompant les agents d'application de la loi dans certaines zones ou certains élus. Au Niger par exemple, suite à la saisie de 214 kg de cocaïne en 2022, un maire a été arrêté. La cocaïne était stockée dans son véhicule et il était dans le véhicule. » De quoi renforcer les groupes armés et leur pouvoir de déstabilisation au Sahel.