Le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye est attendu aujourd'hui, samedi 20 avril, en Gambie pour une visite d'amitié et de coopération.
Tout comme la Mauritanie, le choix de la Gambie par les nouvelles autorités pour ce déplacement du président de la République relève d'une stratégie diplomatique d'une importance capitale pour le Sénégal du fait de l'enjeu que représente Banjul dans la gestion du dossier de la Casamance et la réussite de certaines politiques publiques.
Le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye poursuit sa politique de promotion du bon voisinage et d'intégration régionale. Deux jours après le premier déplacement à l'étranger du chef de l'Etat réservé à son homologue, Ould Cheikh El Ghazouani, président de la République islamique de Mauritanie et président en exercice de l'Union africaine, le chef de l'Etat Bassirou Diomaye Diakhar Faye est annoncé aujourd'hui, samedi 20 avril, « chez son frère, le président Adama Barro» pour « consolider les liens de parenté et de coopération qui unissent les deux pays ». Il faut dire que tout comme la Mauritanie, le choix de la Gambie par les nouvelles autorités pour les premiers déplacements du président de la République n'est pas fortuit. Mieux, il faut dire que cette destination relève d'une stratégie diplomatique d'une importance capitale pour le Sénégal.
En effet, enclavée à l'intérieur du Sénégal, la Gambie représente avec la Guinée Bissau un enjeu incontournable pour Dakar dans la gestion définitive du dossier de la Casamance. Mais aussi dans la réussite de certaines politiques publiques dans les domaines de la sécurité, de l'économie, du développement durable des ressources naturelles, notamment dans les trois régions de la Casamance naturelle (Ziguinchor, Kolda et Sédhiou). Et ce, par la prise en charge des questions liées au trafic et à la circulation des stupéfiants (chanvre indien...) et du commerce illicite du bois de la Casamance vers Europe et en Chine depuis le port de la Gambie (voir par ailleurs).
Ce trafic très lucratif notamment du bois de rose communément appelé bois vène impacte négativement sur le processus de paix du fait des fonds qu'ils génèrent au profits des bandes armées qui opèrent en Casamance. D'ailleurs, ces dernières années, des accrochages entre l'armée sénégalaise et des éléments supposés appartenir au Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance du combattant Salif Sadio sont très souvent constatés le long de la ligne de démarcation entre le Sénégal et la Gambie.
Il en est ainsi le 24 janvier 2022 dernier, quand une patrouille de l'armée sénégalaise de la mission de la Cedeao en Gambie (Micega) déployée depuis 2017 a voulu, dans le cadre d'une mission de sécurisation et de lutte contre les trafics illicites du bois le long de la frontière avec le Sénégal, intercepté un camion de trafiquants chargé de bois. Cet accrochage meurtrier avec des combattants de Salif Sadio, survenu au sud de la Gambie dans le village Bwiam s'était soldé par la disparition de de neuf militaires qui ont été par la suite libérés après l'intervention de la communauté de Sant'Egidio.
A travers ce déplacement dans la capitale gambienne, Banjul, le Président Diomaye, marche ainsi sur les traces de son prédécesseur, Macky Sall. Ce dernier, après son installation dans ses nouvelles fonctions de président de la République du Sénégal avait réservé le 15 avril 2012 sa première visite officielle à son homologue Yaya Jammeh, ancien chef d'Etat de la Gambie qui a quitté le pouvoir sous contrainte d'une intervention militaire de la Cedeao après son refus de reconnaitre sa défaite à l'issue de la présidentielle du 1er décembre 2016.