La faible représentation des femmes dans le nouveau gouvernement du Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, fait débat. Une pétition a été déjà lancée par les militantes féministes. De l'avis de Felwine Sarr, c'est un combat légitime.
« La politique, ce sont aussi des actes symboliques. Je crois qu'il a une vraie sous-représentation des femmes dans le gouvernement (4 sur 30). Elles représentent 49,6 % de la population totale, et donc, il était important que le Gouvernement reflète cela », justifie l'écrivain et philosophe sénégalais dans un entretien accordé au journal Le Soleil depuis l'Université Duke aux États-Unis où il enseigne.
Le professeur titulaire d'ajouter : « Sur le plan économique, elles représentent 80% de la force de travail dans le monde rural et agricole, mais ne possèdent que 2% des terres. Quand on regarde les statistiques sur la pauvreté au Sénégal, 33% des femmes vivent en dessous du seuil de pauvreté (2,15 dollars par jour), 94% travaillent dans le secteur informel, et elles ont trois fois plus de chances de ne pas être employées alors qu'elles représentent 40% de la force de travail dans le pays. »
« Dans les ménages, poursuit l'économiste, les travaux démontrent que lorsque l'on accroît le bien-être et la prospérité des femmes, il y a un effet bénéfique pour toute la famille, y compris en éducation et en santé. »
Pour lui, « un ministère de la Femme semble nécessaire » car appuie-t-il, « les femmes ont des problématiques qui leur sont spécifiques » mais également « une économie féminine » c'est à dire « qui prend en compte et améliore la condition des femmes parce qu'on ne peut pas avoir de la prospérité dans le pays si la moitié du corps social est victime d'un certain nombre de handicaps et d'asymétries. »
Felwine Sarr conclut : « Dans tous les domaines, on trouve des femmes qui sont très compétentes et capables de diriger des Ministères. C'est une revendication tout à fait normale et légitime. »