Sénégal: [Reportage] Construction de quais de pêche et d'une Maison des pêcheurs - À Fass Boye, l'espoir renaît

19 Avril 2024

Les habitants de Fass Boye et environs (département de Tivaouane) saluent le projet de construction d'un quai de pêche et d'une Maison des pêcheurs, avec l'espoir d'une meilleure gestion de la ressource halieutique.

TIVAOUANE - Après le drame qui a frappé le village de Fass Boye, dans le département de Tivaouane, en août 2023, avec plus d'une soixantaine de jeunes emportés par l'émigration clandestine, les pêcheurs de la localité affichent le sourire avec l'annonce de la construction d'un quai de pêche et de la Maison des pêcheurs ainsi que de l'ensemble des acteurs qui tournent autour du secteur.

Des études d'impact environnemental sont déjà faites et les résultats permettront de prendre les mesures idoines pour se conformer aux exigences afin de pouvoir ensuite passer à l'étape d'attribution des marchés. Une stratégie de cogestion de la ressource halieutique est définie et sera mise en oeuvre par les acteurs de la pêche.

C'est ce qui est ressorti de la rencontre tenue, mercredi 17 avril, à Fass Boye, entre les services du Ministère des Pêches, les responsables du « Projet de gestion des ressources naturelles au Sénégal » et les acteurs du secteur de la pêche réunis autour du Comité local de la pêche artisanale (Clpa) de Fass Boye, et présidée par le Sous-préfet de l'arrondissement de Méouane, Amadou Sall.

Ce projet va aussi accompagner les acteurs de la pêche artisanale pour une gestion durable de la ressource halieutique. Ainsi, face à la raréfaction du poisson dans les côtes sénégalaises, parfois attribuée aux bateaux de pêche étrangers, le Gouvernement du Sénégal s'est engagé dans une nouvelle phase de gestion durable des ressources halieutiques à travers la mise en oeuvre du « Projet de gestion des ressources naturelles au Sénégal ». Cogéré par les Ministères des Pêches et de l'Environnement, il est financé à hauteur de 61 milliards de FCfa par la Banque mondiale pour une durée de six ans (2023-2028).

Préserver la ressource

Concernant le Ministère des Pêches, il s'agit de mettre en oeuvre une stratégie de cogestion entre le Département et les acteurs locaux de la pêche sur l'ensemble de la côte, allant de Saint-Louis à Cap Skirring en passant par Kafountine, Mbour et Fass Boye, sans oublier les sites d'extension de Ngaparou, Soumbédioune et Ouakam. Dans chaque zone, le projet va accompagner les initiatives prises par les acteurs locaux pour la préservation de la ressource halieutique. À Fass Boye, c'est la méthode approche systémique qui est adoptée. Il s'agit de créer des zones de pêche et des récifs artificiels.

La zone des « saleigne », constituée de deux épaves de bateaux et située à six kilomètres du rivage, sera gérée par le Comité local de pêche artisanale installé, le 17 avril, en présence du Sous-préfet de Méouane qui en est le président. Cette partie de la mer sera une zone de refuge, de repos et de reproduction des espèces comme le « thiof ». Du côté du Ministère des Pêches, « toutes les dispositions légales sont en train d'être prises pour une mise en oeuvre du programme avec l'équipe du projet et les populations », assure Idrissa Yaya Diémé, de la Direction des pêches maritimes.

Les membres du Clpa qui viennent des localités de Mboro, Diogo, Lith et Fass Boye ont marqué leur totale adhésion à la mise en oeuvre de ce projet. Selon le coordonnateur du Clpa, Cheikh Diakhaté, c'est un grand ouf de soulagement. Pour lui, il permettra non seulement d'avoir des infrastructures modernes à travers le quai de pêche et la Maison des pêcheurs, mais aussi de pouvoir surveiller davantage la mer au moment où les bateaux étrangers sont en train de tuer la pêche artisanale.

Le projet comporte aussi un volet aquaculture destiné à trois régions du Sénégal (Kolda, Sédhiou et Kédougou), pour une enveloppe de six milliards de FCfa.

Un audit commandité pour évaluer les accords de pêche

Un cabinet a été commandité pour évaluer les accords de pêche. La révélation a été faite par Yaya Diémé, Chef du Bureau gouvernance à la Direction des pêches maritimes. Il s'exprimait, mercredi, lors de l'installation du Clpa de Fass Boye. À l'en croire, malgré tout ce qui est dit, les accords de pêche ne sont pas signés de manière hasardeuse. « C'est sur la base de critères bien précis qu'un dossier est ficelé avant l'octroi d'une quelconque licence de pêche », a-t-il tenu à préciser.

Toutefois, M. Diémé reconnait qu'il y a des difficultés puisque la ressource halieutique diminue alors que les besoins de la population ne cessent d'augmenter, assurant que le Ministère des Pêches, à travers la Direction des pêches, est en train de chercher des solutions à ce problème. Les conclusions de cette évaluation, dit-il, devraient servir de base à d'éventuelles nouvelles négociations. Le Chef du Bureau gouvernance de la Direction des pêches maritimes a, par ailleurs, reconnu que l'État du Sénégal doit renforcer les moyens de surveillance de son espace maritime.

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