Cameroun: Les défenseurs des droits de l'homme alertent sur le cas de Georges Mfor Tang, condamné pour «terrorisme»

Au Cameroun, Georges Mfor Tang est un cas parmi d'autres qui ne doivent pas tomber dans l'oubli, selon le Redhac, le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale. Arrêté en 2017, il purge une peine de 25 ans de prison pour « terrorisme ». Les avocats du Redhac ont fait appel et attendent toujours que son cas soit réexaminé par la justice

Georges Mfor Tang était membre de l'ONG Justice pour tous, active dans la région anglophone du Sud-Ouest quand les violences ont commencé entre séparatistes et forces gouvernementales il y a bientôt sept ans.

Il a passé six années en prison avant d'être condamné, le 16 août 2023, par le Tribunal militaire de Yaoundé à vingt-cinq ans de détention pour « actes de terrorisme, apologie d'actes de terrorisme et hostilité contre la patrie ».

Maximilienne Ngo Mbe, directrice exécutive du Redhac, et lauréate du Prix International du courage féminin décerné par le département d'État américain, dénonce dans cette affaire un « dossier vide ». « On lui a reproché d'avoir été en contact avec des séparatistes juste parce qu'il faisait son travail de défenseur des droits et humains et de reporting des cas de violations des droits humains. Or, quand vous faites ce genre de travail, vous pouvez avoir des contacts avec des groupes armés, parce que ce n'est que comme ça que vous pouvez avoir une information juste et crédible », explique-t-elle au micro d'Amélie Tulet, de la rédaction Afrique.

Le #REDHAC a rendu visite au #Défenseur Georges Mfor Tang, le 12 avril 2024, dans le cadre du soutien que le REDHAC lui apporte à travers le partenaire @FrontLineHRD pic.twitter.com/qXxm0wXkKb-- @RedhacRedhac (@RedhacRedhac) April 18, 2024

Le Redhac, et son partenaire Front Line Defenders, déplorent la lenteur judiciaire et le fait que Georges Mfor Tang soit détenu à Yaoundé, loin de sa famille : il est actuellement à la prison centrale de Kondengui dans la capitale.À lire aussiCameroun: «À vingt mois de l'élection présidentielle, il faut libérer les prisonniers d'opinion»

Plus largement, le Redhac dénonce une nouvelle fois le recours à la justice militaire pour juger des civils. Ce fut le cas, entre autres, pour Mancho Bibixy, animateur sur une radio locale de Bamenda, dans l'autre région majoritairement anglophone, celle du Nord-Ouest. Arrêté en 2017, il purge actuellement une peine de quinze ans de prison pour des motifs comme sécession, révolution et insurrection. Peine prononcée en appel par la Cour d'appel du Centre, pour « actes de terrorisme, hostilité contre la patrie, sécession, révolution et insurrection ».

Le Redhac demande au gouvernement camerounais de faire adopter au Parlement le projet de loi déposé au bureau du Sénat depuis 2021, sur la la promotion et protection des défenseurs des droits humains au Cameroun, mises à mal selon Maximilienne Ngo Mbe depuis la loi de 2014 portant répression des actes de terrorisme.

Du côté des autorités, pour le gouvernement, « la justice a fait son travail et dit le droit ».

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