En République centrafricaine, les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) multiplient les attaques contre la population civile et les positions de l'armée, comme l'attestent les événements de ces derniers jours.
Dimanche dernier, une dizaine de civils ont été tués et au moins six maisons incendiées par les rebelles de la CPC à Kologbota, un village situé à trente kilomètres de Bakouma, dans le nord-est. Le lendemain, lundi, une autre attaque de la CPC a visé la position des forces armées au village de Kadjama, à 37 km de Markounda, dans la préfecture de l'Ouham-Fafa.
Trois personnes, dont deux militaires, y ont perdu la vie. De quoi semer la désolation et la stupeur de façon permanente. En réalité, depuis de longues années, il y a une sorte de paix fourrée en Centrafrique qui n'arrive pas à se défaire du cycle de violence dans lequel le pays de Barthélemy Boganda se débat depuis si longtemps. C'est une insécurité parfois alimentée par des rancoeurs politiques entre dirigeants, et l'arrivée du président Faustin Archange Touadéra n'a malheureusement pas arrangé les choses.
Les miracles promis par Archange ne se sont jamais réalisés malgré le recours à Wagner, devenu maintenant Africa corps. En effet, à grand renfort de publicité promettant de transformer le pays en havre de paix, des centaines de mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner sont arrivés en Centrafrique dès 2018, officiellement pour entraîner l'armée, selon Moscou. Fin 2020, le dispositif avait été renforcé pour juguler une offensive rebelle sur Bangui. Des années après, force est de reconnaître que la plaie est toujours béante et n'est visiblement pas près de se cicatriser.
En vérité, avec les concessions minières qui servent à les rétribuer, on se demande si ces mercenaires ne sont pas venus que pour faire des affaires. L'expérience a montré en effet que c'est plus, bien souvent, la défense d'un régime que celle du territoire qui les préoccupe le plus. Les populations sont souvent laissées à elles-mêmes quand elles ne sont pas simplement victimes des exactions de ceux qu'on a appelés à l'aide. C'est le cas en Centre-Afrique comme dans de nombreux autres pays où ces mercenaires déposent leurs pénates en vendant du rêve aux citoyens.
Faut-il s'en étonner outre mesure, vu que Faustin Archange Touadéra est lui-même plus préoccupé par la conservation de son pouvoir que par la situation de son pays ? Lui qui, élu en 2016 en pleine guerre civile et réélu en 2020 dans des conditions contestées par l'opposition, a fait modifier la Constitution en juillet 2023 par un référendum, boycotté par l'opposition, pour s'autoriser à briguer un troisième mandat en 2025. Hélas, ainsi vont souvent nos relations avec certaines puissances puisqu'on a l'art de se défaire des griffes d'un ancien maître pour s'offrir à peu de frais à un nouveau pas forcément plus vertueux et efficace.
Cela dit, celui qui règne sur des arpents de terre autour de Bangui sans véritable prise sur son pays semble avoir conscience de cette situation, lui qui s'inscrit désormais dans la diversification de ses partenaires pour ne pas être à la merci d'un seul, soit-il puissant. Le pays tente en effet de diversifier ses partenariats stratégiques en entamant des discussions avec la société militaire privée américaine Bancroft.
Il s'est aussi rapproché de Paris avec la visite actuelle en France du président Touadéra qui avec son homologue de l'Hexagone ont dû se dire beaucoup de chose dans le sens du rééquilibrage de ses relations avec les puissances de ce monde. Il est donc dans une logique de parler à tout le monde pour multiplier ses chances de réussite.