Ile Maurice: Sanjiva Narasimha Appadoo et sa passion bien «encrée» pour la calligraphie

Il était en train de mettre en place sa calligraphie en langue télougou et d'autres oeuvres d'art en vue d'une prochaine expo, lorsque nous l'avons rencontré à son domicile à Saint-Pierre.

Sur place, différents styles et conceptions de son art garnissent le mur, à côté de rayons de livres. La table est remplie de dessins magnifiquement réalisés sur papier. Face au temps pluvieux et froid qui règne actuellement, l'univers de Sanjiva Narasimha Appadoo nous apporte de la lumière et du réconfort.

Enfant, «j'ai commencé à développer un intérêt pour l'art par moi-même. Je ne l'ai jamais considéré comme une matière à étudier, mais comme quelque chose qui recèle une beauté infinie», confie-t-il. Parallèlement, il a cultivé un amour pour la langue télougou. Après avoir terminé sa scolarité secondaire au Mahatma Gandhi Institute (MGI) et ses études universitaires, Sanjiva Narasimha Appadoo a intégré le collège MGI, cette fois en tant qu'éducateur.

Au fil des ans, il devient chef du département de Telugu Studies, ainsi que responsable des élèves de l'Extended Programme et des activités co-curriculaires, une occasion pour lui de profiter de son talent et de ses connaissances pour offrir aux jeunes de nouvelles perspectives et leçons à travers l'art et la créativité. «Nous avons utilisé des déchets pour construire une gigantesque sculpture de dodo. Parfois, nous placions une boîte dans chaque classe pour collecter des stylos usés ou cassés. Nous en avons collecté 14 000 que nous avons fixés sur la sculpture en utilisant très peu de colle. Ces projets m'ont permis d'enseigner aux jeunes comment recycler et sublimer les ordures, leur donner une seconde vie tout en protégeant notre environnement.»

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Aujourd'hui âgé de 65 ans, Sanjiva Narasimha Appadoo est père de deux enfants qui partagent son amour pour les arts. Mais même après sa retraite, sa passion pour la calligraphie et sa patience n'ont pas faibli. Parmi sa collection, divers papiers découpés et oeuvres variées, dans des styles différents et certains réalisés avec les quatre couleurs de notre drapeau national. Ses outils pour les réaliser : des stylos calligraphiques qu'il a lui-même personnalisés en collant des plumes et des crayons à l'aide d'élastiques ou de pinces à papier et de règles. Il utilise également une seringue qu'il remplit d'encre noire pour recharger l'un de ses stylos. Autre forme d'art qu'il chérit : le rangoli.

Mais ce qui retient surtout notre attention, ce sont les dessins et les peintures qu'il réalise sur des feuilles sèches de peepal (NdlR, le Figuier des pagodes, ou Pipal, est une espèce d'arbres du genre Ficus. Dans les textes védiques, il est appelé ashvattha. Dans le bouddhisme il s'agit de l'arbre de la Bodhi. C'est un arbre sacré dans l'hindouisme et le bouddhisme). Ces oeuvres, explique-t-il, nécessitent davantage de patience et de savoir-faire. *«L'arbre de peepal a une dimension spirituelle parce qu'il a la plus grande durée de vie du règne végétal.

On le trouve ainsi dans la cour de chaque shivala.» *Comment traite-t-il les feuilles pour ses oeuvres d'art ? «Il faut utiliser de belles feuilles que l'on nettoie. Ensuite, on les plonge dans un récipient d'eau et on les laisse tremper. Couvrez le seau, enveloppez-le dans un tissu et laissez-le sans l'ouvrir pendant 40 jours. Lorsque les feuilles pourrissent, sortez-les, appliquez une pression d'eau pour les nettoyer et toute la chlorophylle en sera éliminée. Ensuite, laissez-les sécher au soleil et enfin, repassez-les délicatement pour les aplatir.»

La combinaison de ces feuilles et de l'art nous offre des réalisations impressionnantes. Mais «il faut faire preuve de prudence lorsque l'on dessine sur les feuilles, car elles sont très fragiles. Une légère négligence peut briser les veines et la feuille entière doit être jetée. Cela contribue à nous inculquer de la patience». Une telle activité peut demander des heures à un novice. Mais grâce à sa passion et à son expérience, Sanjiva Narasimha Appadoo y parvient en seulement 20 minutes.

Le talent et le dévouement de Sanjiva Narasimha Appadoo dans les domaines du patrimoine social et culturel l'ont également élevé au rang d'Officer of The Order of the Star and Key of the Indian Ocean en 2022. Demain 22 avril, ses calligraphies et dessins sur feuilles de peepal seront également exposés lors du Lanting Chinese Calligraphy Salon, au sein du Chinese Cultural Centre à Bell-Village.

Néanmoins, c'est avec beaucoup d'humilité que Sanjiva Narasimha Appadoo nous livre son parcours, faisant aussi pour nous une démonstration de calligraphie sur place. «J'aime l'art, il est libre, spirituel, c'est un acte de dévotion. Il renforce l'humanité. Or, notre système éducatif a tendance à le supprimer en insistant beaucoup sur des certificats afin de légitimer le 'professionnalisme' de ce talent. En tant qu'artiste, tout ce que je sais, je dois le partager librement avec les autres pour qu'ils puissent apprendre.»

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