En guise de clôture du mois de mars dédié aux droits des femmes, le personnel de l'hôpital général de référence de Goma (Nord-Kivu) a décidé de payer les frais de prise en charge de seize femmes enceintes déplacées qui vivent dans l'enceinte de l'école Musawato au quartier Katindo 2m dans la commune de Karisimbi. Cette prise en charge couvre la période des soins allant de la grossesse jusqu'à l'accouchement.
Ces femmes enceintes ont fui la guerre qui sévit dans différentes localités, notamment de Kibumba et de Buhumba dans le Nyiragongo, ainsi que des territoires de Masisi et Rutshuru. Elles font partie de 300 ménages qui vivent sur le site de Musawato avec plus de 300 enfants de 0 à 17 ans, depuis plus d'un an.
Si le personnel de l'hôpital général de référence a décidé de voler au secours de ces femmes vulnérables, c'est parce qu'elles n'ont pas de ressources pour prendre en charge les soins nécessaires pour le bon déroulement de leur grossesse.
Difficile d'être une femme dans un camp des déplacés
Ce lundi 22 avril, les reporters de radio Okapi se sont rendus sur ce site de Musawato. Sur place, ils ont trouvé une dizaine de femmes enceintes qui n'arrivent pas à se rendre au centre de santé de Kanyarutshinya à cause notamment de la distance, du manque d'argent pour payer le transport et pour d'autres contraintes.
Certaines ont affirmé avoir accouché sans avoir effectué de consultation prénatale, d'autres expliquent qu'elles ont connu des fausses couches à répétition faute de soins. Parmi elles, Dorika, une jeune mère de 28 ans et enceinte témoigne :
« J'aurais dû avoir 3 enfants mais j'en ai deux, l'un est mort. J'ai eu des avortements, ça fait deux fois ici dans le site. Je ne sais pas si c'est une maladie. Une fois c'était à l'hôpital et une autres fois c'était tombé dans mon abri. Même celle que je porte maintenant ça me pose des problèmes, je ne sais pas si elle continue ou pas ».
Après ces fréquents avortements, Dorika espère que sa grossesse actuelle aboutira à terme avec l'appui du personnel de l'hôpital général de référence de Goma.
« Je suis venue parce qu'on m'a enregistré mais Dieu seul sait. J'ai des douleurs au dos et au ventre et je ne peux pas effectuer des travaux ménagers », raconte-t-elle.
Un autre défi auquel font face ces femmes et leurs familles, c'est la précarité. Furaha Mulengezi Jeanne- D'arc, est aussi mère de famille. Elle explique que leur quotidien n'est pas facile :
« Nous vivons dans la misère parce qu'un déplacé n'a jamais connu la joie. Nous n'avons aucune activité et sommes obligés d'utiliser nos enfants pour aller quémander afin de trouver la nourriture. Cela comporte beaucoup de risques. Nos enfants connaissent des accidents et d'autres sont tabassés. Les mamans si elles trouvent quelque part où faire la lessive, on leur fait payer 2000FC seulement ».
Ces femmes déplacées font aussi face à des difficultés pour tenir une bonne hygiène intime durant leurs menstrues et ceux de leurs filles adolescentes. Elles manquent souvent d'eau, de savon, des serviettes hygiéniques et autres vêtements de rechange pour leur hygiène.
Elles plaident pour une assistance humanitaire afin d'améliorer leurs conditions de vie.