Afrique: Dialogue inter-Maliens à Tamanrasset en Algérie - Les réfugiés pas tous convaincus

Le dialogue inter-Maliens se poursuit. Après la phase communale, il y a dix jours, les discussions organisées à l'échelle régionale, ainsi que dans les ambassades et consulats, se sont achevées lundi. Voulu par les autorités maliennes de transition, ce dialogue est censé ramener la paix dans le pays, alors que l'accord de paix de 2015 a été rompu et que les combats ont repris entre l'armée malienne et les groupes rebelles du CSP (Cadre stratégique permanent), dans le nord. Depuis la victoire de l'armée dans le fief rebelle de Kidal, en novembre, des dizaines de milliers de Maliens ont fui dans les zones frontalières de la Mauritanie et de l'Algérie.

Parmi les participants au dialogue à Tamanrasset, un grand nombre de Touaregs de la fraction Dahoussak. Ils répondaient à l'appel du chef de leur communauté, Moussa Ag Acharatoumane, également membre du Conseil national de transition et fondateur du MSA (Mouvement pour le salut de l'Azawad), un groupe armé du nord allié des autorités maliennes de transition.

Les Daoussaks qui ont pris part au dialogue à Tamanrasset ne l'ont donc pas fait sous la bannière du MSA, mais c'est Ilyas Ag Siguidi, porte-parole de ce mouvement, qui s'exprime en leur nom. « C'était vraiment un exercice très important pour notre communauté, et pour les Maliens en général. Avec un message de paix, pour que les Maliens vivent ensemble, comme avant la crise. Les propositions, c'était vraiment de dire à l'armée malienne de sécuriser le territoire du Mali, et de chasser tous les terroristes qui compliquent la vie des populations », dit-il.

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Comme 40 000 à 50 000 Maliens, selon les estimations du HCR, Bachir* a fui la région de Kidal en novembre dernier, lors de l'offensive de l'armée malienne et de ses supplétifs du groupe Wagner contre les rebelles du CSP. Désormais réfugié en Algérie avec sa famille, Bachir est un civil, il n'est membre d'aucun groupe armé. Il juge cependant que les rebelles auraient dû pouvoir participer aux discussions. Mais les autorités maliennes de transition, qui ont officiellement rompu l'accord de paix de 2015, les qualifient désormais de « terroristes » et refusent de dialoguer avec eux.

C'est la raison pour laquelle il n'a pas souhaité participer. « Le vrai dialogue doit se faire entre la partie gouvernementale et les acteurs qui sont sur le terrain. Ce sont eux qui sont en conflit. Sans ces acteurs, il ne peut pas y avoir de paix. Ce dialogue, c'est juste pour gagner du temps pour la transition, c'est à eux (les dirigeants de la transition, NDLR) que ça profite », considère Bachir, qui n'envisage pas de rentrer au Mali pour le moment.

Il souhaite que les représentants communautaires du nord qui ont choisi de collaborer avec les autorités maliennes de transition ne se limitent pas à appeler au retour des déplacés et des réfugiés. Il leur demande de pouvoir garantir leur sécurité, et de dénoncer les exactions de l'armée et de Wagner contre les civils maliens.

Il n'existe aucun chiffre officiel précis sur le nombre de Maliens actuellement réfugiés en Algérie. Le pays a gardé ses frontières ouvertes pour les accueillir mais ne leur reconnaît pas, pour la plupart, le statut de réfugié et le HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) attend depuis des mois l'autorisation de se rendre auprès d'eux.

*Les prénoms ont été modifiés

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