La 4ème édition du Africa Healthcare Awards and Summit (AHAS 2024) s'est ouverte ce lundi 22 avril 2024 à Accra, au Ghana.
En partenariat avec African Global Health, des professionnels de la santé se sont réunis afin de discuter des problèmes urgents dans le domaine des soins de santé pour favoriser la collaboration pour des solutions durables.
Sous le thème « Avancer en matière de santé de la population - Lutter contre les inégalités et l'accès : une approche Santé Unique », des discussions sur la réduction des méfaits liés entre autres à la drogue, au tabagisme, au changement climatique ont eu lieu avec la présence de 80 acteurs de la santé publique africains, pour partager les progrès et les idées développés concernant ces fléaux.
Si l'accès des services de santé constituent une partie des problèmes du continent, un autre défi crucial est celui de l'adoption de pratiques de réduction des risques.
Dans ce cadre, une session du Sommet a été consacrée à la réduction des risques avec des experts qui ont souligné la nécessité de réduire les risques dans différents domaines des pratiques de santé, exhortant les gouvernements du continent à donner la priorité aux pratiques de réduction des risques.
Au cours de ces discussions, le sud-africain Dr Kgosi Letlape co-fondateur de Harm Reduction en Afrique du Sud et Président de Africa Medical Association, s'est concentré sur la réduction des méfaits du tabac et a dénoncé la perspective « moralisatrice » selon laquelle est abordée la réduction des risques. Dr Letlape, a critiqué les dirigeants africains pour avoir pris en compte uniquement ce que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère comme la « vérité évangélique » au lieu de se baser sur les faits et la preuve scientifique.
Prenant l'exemple de la Suède avec l'utilisation du Snus (poudre de tabac humide) depuis plus de 50 ans, il souligne comment l'utilisation de ce produit du tabac alternatif a conduit à une réduction drastique des décès liés au tabac en Suède.
Dans sa lutte pour devenir le premier pays européen sans fumeurs, la Suède accorde une place de choix au snus qui est un produit de tabac sans combustion. En effet, c'est la combustion de la cigarette qui est la cause primaire des maladies du cancer et non la nicotine. Les suédois ont l'incidence la plus faible de la consommation de tabac, qui est d'environ 15 à 16%.
Il a exhorté les gouvernements africains à mettre en place des politiques fondées sur la science et à poser des questions critiques et à évaluer les situations de manière critique avant d'élaborer des politiques.
S'exprimant en marge de l'évènement, le Professeur Martin Ike Muonso, conseiller technique au ministère de l'Innovation de la Science et de la Technologie du Nigéria, a pour sa part estimé que ceux qui élaborent les politiques ne comprennent pas la différence entre la cigarette et les alternatives proposées. « Les gouvernements doivent comprendre qu'il y a une différence entre le tabac combustible et les produits à risques réduits », affirme-t-il.
En revanche, il souligne le problème de l'accessibilité de ces produits : « ces produits ne sont pas facilement disponibles alors l'impact ne se fait pas sentir comme il le devrait. D'une manière générale, la réglementation a laissé tomber de nombreuses personnes qui se tournent en masse vers l'usage de cigarettes combustibles. Le mal nous saute tous aux yeux et une façon d'y mettre un terme est d'utiliser des produits à risque réduit, comme les produits du tabac alternatifs disponibles ».
Pour sa part, le directeur exécutif de Harm Reduction Alliance au Ghana, Samuel Kujo également participant s'est focalisé sur les addictions aux drogues et note qu'il existe un intérêt croissant pour la réduction des risques au Ghana en raison du plaidoyer soutenu des organisations de la société civile et de la sensibilisation des médias.
« Nous nous sommes concentrés sur les dangers de la consommation de drogues et sur la manière de l'atténuer efficacement grâce à des pratiques durables de réduction des risques. Même s'il y avait au départ des poches de résistance, cela était dû en grande partie à des idées fausses et à la désinformation. Les gens comprennent désormais la nécessité d'adopter cette culture de réduction des risques au Ghana » a-t-il déclaré.
Il poursuit : « Bien entendu, les agents de santé font partie du problème car certains d'entre eux ne comprennent pas et n'acceptent pas la nécessité de réduire les risques, car ils pensent qu'en parlant de réduction des risques, nous promouvons plutôt la consommation de drogues. Cela a constitué un défi, en particulier de la part des professionnels de la santé mentale mais progressivement, la situation s'améliore à mesure que davantage de personnes ont été exposées aux principes de réduction des risques » a-t-il ajouté.
Lorsqu'on lui a demandé ce que les gouvernements et les décideurs politiques africains devraient faire en ce qui concerne les pratiques de réduction des risques, Kujo a répondu qu'ils devaient faire preuve d'audace et prendre des mesures pratiques qui soutiendraient la réduction des risques.
Une cérémonie de remise des prix a clôturé l'évènement avec la reconnaissance de nombreux professionnels de la santé publique en Afrique.