Le fact-checking est une technique de vérification de l'information qui devrait permettre aux journalistes de se réapproprier leur métier et de juguler la crise de confiance entre les citoyens et les médias classiques, estime le rédacteur en chef de l'Agence d'information du Burkina Faso (AIB), Tolida Apollinaire Agba.
Il intervenait, lundi, à Rabat, au Maroc, à l'ouverture d'un séminaire consacré à la "détection des fakenews dans les contenus médiatiques", à l'initiative de la Fédération atlantique des agences de presses africaines (FAAPA).
"Il faut prendre en compte le fait que des responsables politiques contournent les médias pour s'adresser directement au grand public", a-t-il fait observer, notant que ce phénomène contribue à nourrir "la crise de confiance entre les citoyens et les médias classiques".
Il rappelle que "de plus en plus le métier de journaliste est mis à mal par des diffuseurs sur la Toile, par moments plus influents que les professionnels des médias, et qui ne se préoccupent pas de vérifier la véracité de leurs publications".
Dans ce contexte, le fact-checking peut aider à "rétablir cette confiance entre citoyens et médias", mais aussi permettre aux professionnels des médias de "se réapproprier leur métier en retournant en fondamentaux".
Il assure que cette technique de vérification de l'information, rangée dans le domaine du journalisme lent, peut aussi contribuer à la lutte contre "la guerre de la désinformation que se livrent plusieurs groupes d'intérêt essentiellement en Afrique".
L'intégration du fact-checking peut de la même manière permettre aux médias dits traditionnels d'accroître leur audience et de tirer les profits qui en découlent, a ajouté le rédacteur en chef de l'AIB, membre fondateur de Fasocheck, une initiative burkinabè pour la pratique et la promotion de la vérification des faits.
Il prône "la responsabilisation des hommes politiques et des décideurs publics qui ont tendance à grossir les faits et à verser dans la démagogie".
Le journaliste a aussi invité ses confrères à éviter les contraintes du direct, du deadline et de la course au scoop en négligeant l'aspect fondamental de la vérification.
"Même s'il n'existe pas encore une étude sur l'impact du factchecking dans l'assainissement du débat public, les gens prennent en compte le travail de factcheckeurs. Cependant, cet impact est très peu, compte tenu du caractère viral que peuvent prendre les fausses informations", a souligné Tolida Apollinaire Agba.
Prenant part à la cérémonie d'ouverture du séminaire, le président de la Fédération atlantique des agences de presses africaines, Fouad Arif, s'est félicité de la pertinence de la thématique choisie pour ce séminaire, évoquant à ce propos un "sujet d'actualité qui nous préoccupe tous en tant que professionnels des médias".
Ce séminaire traduit selon lui l'importance qu'accorde la FAAPA au renforcement des capacités et au renforcement des échanges d'expériences entre les journalistes des agences de presse africaines.
"Les agences de presse africaines sont aujourd'hui appelées, dans le cadre d'une nouvelle dynamique, à s'adapter aux profondes mutations qui s'opèrent dans le monde des médias notamment en accompagnant l'évolution rapide des systèmes d'information", a fait remarquer M. Arif, par ailleurs directeur général de l'Agence marocaine de presse (MAP).
Il dit s'attendre, au sortir de cette rencontre, à la création d'une plateforme spécialisée dans la vérification des informations et des contenus multimédia.
Fouad Arif a aussi plaidé pour l'élaboration d'un guide sur le factchecking, en vue de le mettre à la disposition des journalistes des agences de presse africaines.
Une vingtaine de journalistes d'agences de presse africaines prennent part à ce séminaire prévu pour se poursuivre jusqu'à vendredi.
Ils viennent notamment de l'Angola, du Burkina Faso, du Cameroun, du Cap Vert, de la Côte d'Ivoire, du Ghana, du Niger, du Nigéria, du Libérai, du Mali, du Maroc, de la Mauritanie, de la Namibie, du Togo et du Sénégal.