Afrique Centrale: RCA - Incertitude autour de deux membres de la coalition rebelle CPC au Tchad

Il y a un peu plus d'un mois, plusieurs leaders de la coalition rebelle centrafricaine CPC, hébergés au Tchad, se sont plaints publiquement de l'arrêt de versements de fonds angolais. De l'argent qu'ils percevaient dans le cadre de la médiation de ce pays, sur la base de la feuille de route de Luanda pour la paix en RCA. Après plusieurs demandes d'explications aux autorités tchadiennes restées sans réponse, ils avaient décidé de passer par les médias. Mais ces révélations n'auraient pas plu en haut lieu. Où en est-on ?

Le mois dernier, sept leaders de la coalition CPC ont été convoqués à l'Agence nationale de sécurité (ANS), où on leur a interdit d'évoquer une nouvelle fois le sujet de la discorde dans les médias, en leur promettant d'apurer rapidement les arriérés qu'on leur devait.

Mais la situation n'a pas changé, disent-ils. Pis, le 11 avril dernier, l'officier de liaison de l'ANS en charge de leur dossier a convoqué deux d'entre eux. Il s'agissait du général Mahamat al-Khatim, chef de la rébellion du MPC, et de l'ancien ministre Abakar Sabone, tous deux devenus au fil du temps les portes-parole du groupe.

Un véhicule envoyé par leur officier de liaison à l'ANS est arrivé aux environs de 15 heures locale au domicile d'al-Khatim, officiellement pour aller récupérer une partie des arriérés qu'on leur devait, afin de leur permettre de fêter dignement l'Aïd el-Fitr, la fin du mois sacré du ramadan, assure l'un d'eux. En attendant le versement du solde de tout compte - quelque 3,3 millions de dollars selon eux.

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« Notre officier de liaison avec l'ANS ne nous répondait plus au téléphone, on a alors compris que quelque chose se passait », explique la même source. Depuis, ils sont sans nouvelles de leurs frères d'armes, et toutes leurs tentatives pour contacter les autorités tchadiennes se sont heurtées à un mur, assure un deuxième, qui accuse les services secrets de « séquestrer » les deux hommes.

Ils se disent aujourd'hui « inquiets ». « On a peur pour nos vies parce qu'on ne sait pas à quoi s'attendre », insiste-t-il.

Contactés par RFI, ni le gouvernement tchadien ni l'ANS n'ont voulu s'exprimer sur ce sujet, qualifié de « très sensible » par un haut responsable tchadien. « C'est parce qu'ils se sont agités, qu'ils ont réclamé publiquement de l'argent, on a voulu les faire taire », juge une autre source tchadienne.

À noter que sur les huit leaders de la CPC concernés par la feuille de route de Luanda, pour sa part, l'ancien président centrafricain François Bozizé, président de la coalition, a finalement été envoyé en Guinée-Bissau en mars 2023, où il vit son second exil.

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