Afrique: L'indispensable solidarité

Va-t-on assister à une vraie solidarité africaine dans la lutte contre le terrorisme dans les mois à venir ? La plupart des discours à la conférence de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme, tenue les 22 et 23 avril 2024 à Abuja, à l'initiative du gouvernement du Nigeria et du Bureau des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme (UNOCT), invitent les dirigeants du continent à aller dans ce sens.

Cette rencontre a permis de mener des réflexions sur le thème : « Renforcement de la coopération régionale et des institutions pour faire face à l'évolution de la menace terroriste en Afrique ». Les participants venant d'une trentaine de pays ont perçu la nécessité de traiter à la fois les symptômes et les sources du terrorisme. Des propositions ont été faites pour combattre efficacement l'hydre terroriste, à l'instar de celle faite par le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu et portant sur la création d'un centre régional de lutte contre le terrorisme.

Cette entité, si elle venait à être créée, pourrait faciliter les échanges de renseignements, le renforcement des capacités et la coordination des opérations à travers l'Afrique. La rencontre d'Abuja, tout comme l'esprit de solidarité qui l'accompagne, mérite d'être saluée, surtout concernant un phénomène qui a mis à mal le tissu social dans plusieurs pays très affectés comme le Mali, le Burkina, le Niger et le Nigeria.

A l'heure où le terrorisme fait ravage en Afrique, il faut véritablement aller au-delà des discours et autres effets d'annonce pour se donner la main et agir pour changer positivement la donne. Les dirigeants africains doivent privilégier des réponses africaines, les grandes puissances militaires n'ayant pas toujours la science infuse face au terrorisme, malgré leurs équipements de pointe.

On a l'exemple de la France qui a quasiment fait 10 ans au Sahel, sans pour autant parvenir à enrayer la menace terroriste dans des pays comme le Mali, le Niger et le Burkina. Le manque de résultats de l'Hexagone dans la lutte contre les groupes armés en Afrique de l'Ouest a fait naitre, à tort ou à raison, un sentiment de suspicion de complicité entre l'armée française et les terroristes.

Au point que la France n'a plus bonne presse dans la région. Si la diversification des partenariats dans la lutte contre le terrorisme est une nécessité, les Etats africains doivent se résoudre à privilégier des solutions endogènes. En la matière, les opérations militaires conjointes déjà menées dans la sous-région sont dignes d'intérêt, mais les Etats africains doivent passer à la vitesse supérieure, en étant plus opérationnels. Afficher une volonté de collaborer pour traquer les forces du mal est une chose, poser des actions concrètes en est une autre.

C'est en cela que des initiatives comme la création d'une force antiterroriste par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en 2022 doivent être opérationnalisées au plus vite. Cette force devrait être coûte que coûte sur pied, vu l'urgence et son importance. Tout devrait être mis en oeuvre pour lever les contraintes financières qui bloquent le projet pour le salut de la sous-région.

Cette force aurait pu aider des pays, tels le Burkina, le Mali et le Niger qui se débattent comme de beaux diables pour bouter le terrorisme hors de leurs frontières. La CEDEAO allait peut-être convaincre ces trois Etats, qu'elle n'était pas un « machin » et qu'elle est véritablement au service des populations. Toute chose qui aurait pu peut-être les retenir au sein de l'organisation qu'ils ne veulent plus sentir. Sur le plan de la lutte contre le terrorisme, il y a comme une forme d'hypocrisie à bannir en Afrique, pour aller à de vraies actions concertées et à une véritable solidarité agissante.

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