Ce 24 avril 2024, cela fait exactement 34 ans que feu président Mobutu Sese Seko prononçait un discours dans lequel il annonçait la fin du Mouvement populaire de révolution (MPR), parti-Etat et l'ouverture au multipartisme. Il lançait ainsi le processus de démocratisation qui devait aboutir aux élections des députés et du président de la République en août 1994, selon le chronogramme adopté par la Conférence nationale souveraine.
Mais ce processus va engendrer une transition de seize ans, émaillée des conflits.
« Comprenez mon émotion »
Cette phrase devenue célèbre a été prononcée par feu le maréchal Mobutu, à l'époque président du Zaïre. C'était le 24 avril 1990 à la cité de la Nsele à Kinshasa. Devant les cadres du parti unique, le MPR, il annonce pleins d'émotions, larmes aux yeux, la fin du monopartisme, ouvrant ainsi le début d'un long processus de démocratisation après 25 ans de dictature.
Bilan mitigé
Le politologue Christian Moleka estime que 34 ans après l'ouverture de l'espace démocratique par feu le président Mobutu, le bilan est mitigé. Il affirme que l'on a malheureusement assisté notamment à l'émergence des « petits Mobutu », aujourd'hui appelés autorités morales dans les partis politiques.
Rappel des faits
Le 24 avril 1990, le président du Zaïre (qui deviendra 7 ans plus tard la RDC), Mobutu Sese Seko décrète la fin du monopartisme.
Les années qui ont suivi cette annonce ont notamment été marquées par trois transitions.
La première, sous la présidence de Mobutu, a duré sept ans. Cette transition s'est ouverte au moment où s'effondrait le bloc de l'Est et que le vent de la démocratie soufflait sur les pays de l'Afrique sub-saharienne.
Un forum national appelé Conférence nationale souveraine (CNS) a été organisé de 1990 à 1992 réunissant les représentants de toutes les couches de la population congolaise vivant au pays et à l'étranger, pour trouver des solutions aux problèmes de développement auxquels le zaïre d'alors était confronté. Etienne Tshisekedi sera élu Premier ministre dans ce forum mais ne réussira pas à achever son mandat à cause des conflits récurrents qui l'opposaient au président Mobutu.
La CNS a fini par laisser la place au Haut conseil de la République-Parlement de transition (HCR-PT) dont les animateurs étaient issus de cette conférence.
Fin de la première transition
La première transition a pris fin le 17 mai 1997. Ce jour-là, Laurent-Désiré Kabila déjà maquisard dans les années 60, met fin aux trente-deux ans de règne sans partage de Mobutu. La rébellion qu'il menait depuis octobre 1996 a bénéficié de l'appui de nombreux pays de l'Afrique des Grands Lacs. Un an après son accession au pouvoir, les anciens alliés de Kabila lancent une nouvelle guerre dans l'est de la RDC en août 1998. Le pays est divisé en trois zones. Kabila meurt assassiné en janvier 2001, sans avoir eu le temps d'organiser les élections.
Joseph Kabila son successeur va ranimer les négociations de paix avec les belligérants. Un autre forum, le dialogue inter congolais, est organisé en Afrique du Sud.
Une nouvelle transition de deux ans est entamée en juin 2003. Joseph Kabila est assisté de quatre vice-présidents (dont deux ex-chefs rebelles, un opposant et un allié). Prévue de s'achever en juin 2005, la transition est prolongée d'une année. Le premier tour des élections présidentielle et législatives couplées est organisé le 30 juillet 2006, mettant fin aux différentes transitions lancées en 1990.
Joseph Kabila remporte la présidentielle de 2006 avant d'être réélu 5 ans plus tard pour un second mandat, prolongé jusqu'en 2018.
Le successeur désigné par Joseph Kabila perd les élections face à Félix Tshisekedi en 2018. Les élections organisées en 2023 ont permis au Président Tshisekedi d'être reconduit à la tête de la RDC.