Afrique: Le Nouvel Agenda pour la Paix - Renforcer la résilience face aux défis mondiaux

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Madame la Présidente,

Chers participants,

Il ne pourrait y avoir de moment plus approprié qu'aujourd'hui pour tenir cette conférence consacrée au sujet «le Nouvel Agenda pour la Paix" : une action multilatérale plus efficace en faveur de la paix.

De fait, aujourd'hui, à travers le monde, la paix est en plein désarroi : en Ukraine, à Gaza et dans de nombreux endroits souvent oubliés : Libye, Sahel, Soudan, l'est du Congo, Birmanie, etc. De plus, au-delà des diverses pertes humaines, les énormes effets catastrophiques des guerres sur l'environnement - le changement climatique - ne doivent être ni ignorés ou minimisés.

Dès lors, débattre de la paix devrait être pour tous une quête permanente.

Dans ce contexte, je voudrais que nous tous félicitions les dirigeants et le personnel de l'UNITAR pour avoir organisé cette conférence sur " le Nouvel Agenda pour la Paix (NPA)." Être le premier à organiser une telle conférence - un plaidoyer pour mettre fin aux tragédies et promouvoir la paix et le développement - mérite d'être reconnu et efficacement soutenue.

Chers participants,

En 1992, juste après la fin de la guerre froide, les Nations Unies adoptèrent un "Agenda de la Paix" fort apprécié car venu à point nommé. Les espoirs d'une « paix éternelle » avaient alors fleuri. Ils constituaient un appel fort aux gouvernements, ainsi qu'aux citoyens inscrits dans la Charte de l'ONU " nous, le peuple" à s'engager en faveur de la paix.

Aujourd'hui, dans un contexte international beaucoup plus fragile, le "Nouvel Agenda de Paix" de 2023 arrive sans aucun doute à point nommé. Plus important encore, il rappelle que la paix mondiale doit être un projet universel permanent et soutenu par tous : gouvernements et citoyens, organisations publiques et privées. En conséquence, notre conférence d'aujourd'hui mérite un appui fort pour son appel invitant les participants et d'autres à soutenir la paix. De surcroit, il recommande des approches visant à aider l'obtention de résultats concrets.

À cet égard, le Nouvel Agenda pour la paix présente, avec ses principales recommandations, des avantages et mérite un large soutien. De fait, il n'existe guère d'alternative à l'optimisme malgré toutes les crises et guerres internationales actuelles.

Principaux objectifs du Nouvel Agenda pour la paix.

Le Nouvel Agenda pour la paix couvre des questions importantes pour une paix durable : les risques stratégiques, notamment le nucléaire, les concurrences géopolitiques, les changements climatiques et les migrations incontrôlées. Ses principaux objectifs évoluent autour de la prévention des conflits et méritent naturellement un soutien international et une mise à jour continue de la part du Secrétariat de l'ONU.

Au niveau international, la priorité devrait aller à la prévention des conflits en abordant les risques stratégiques géopolitiques. Parmi ceux-ci la priorité va à la nécessité d'éliminer les risques nucléaires. L'appel au maintien de la paix, à la protection du climat et à la sécurité demeure en effet important pour tous. Un troisième objectif portant sur le renforcement des opérations de maintien de la paix et à assurer celle-ci dans les régions affectées par les conflits ne peut être ignoré. A lui seul, ce point mérite des débats plus approfondis. Une quatrième recommandation appelle à l'élaboration et à l'adoption de nouvelles politiques efficaces pour les zones de conflits potentiels. À cette fin, des efforts devraient être entrepris pour empêcher la circulation massive des armes. Ce sujet, lui aussi très complexe, mérite également plus de discussion. Enfin, la cinquième recommandation appelle à la construction d'une sécurité collective plus forte. Un souhait important mais perpétuel.

Ces principaux objectifs du Nouvel Agenda pour la paix méritent un soutien efficace, en particulier au niveau des populations, car en ces domaines, les gouvernements sont souvent confrontés à leurs propres contradictions et autres ambiguïtés.

Partout, à travers le monde, ces questions revêtent pour tous une importance actuelle et à long terme. Ceci est bien illustré par les chiffres du Nouvel Agenda pour la Paix : environ un quart de la population mondiale vit en situation : de guerre, d'insécurité climatique dévastatrice et incontrôlée, migrations massives à l'intérieur et entre les continents, exclusions et déclin des démocraties dans la plupart des pays.

Quel avenir pour la paix ?

Quand bien même si le Nouvel Agenda pour la Paix mérite d'être salué et soutenu, il se trouve, plus que son prédécesseur de 1992, confronté à des réalités bien plus difficiles. En effet, l'environnement international actuel n'est pas propice à l'optimisme. Néanmoins, ces difficultés doivent être surmontées pour garantir la crédibilité globale du Nouvel Agenda pour la Paix et son efficacité ultérieure.

Grace aux réseaux sociaux en tout genre, aujourd'hui, le monde est bien plus connecté qu'en 1992. Par ailleurs, les actualités, informations, rumeurs ou manipulations, sont massives et souvent accessibles gratuitement. L'Agenda pour la Paix ne peut ignorer ce nouveau contexte. Il ne peut non plus ignorer que les citoyens sont aussi bien informés et parfois même plus que leurs propres gouvernement. Les fausses nouvelles et autres rumeurs font loi. Ainsi les messages gouvernementaux, lorsqu'ils existent, sont-ils souvent bien moins convaincants. Dans le même temps, les organisations intergouvernementales sont paralysées ou pour le moins diplomatiquement fragilisées, par une série de guerres civiles et interétatiques. Pire encore, cette paralysie est de notoriété publique, amplifiée par des messages sans prétention entre citoyens. Ainsi, la crédibilité du système international - et pas seulement de l'ONU - est sérieusement menacée de l'intérieur même des États.

La légitimité des gouvernements et des institutions internationales est donc fortement menacée. En effet, aucun programme de paix ne pourrait gagner en légitimité, en soutien et en crédibilité si les populations pouvaient être témoins et vivre de guerres entraînant des destructions humaines et matérielles massives. Et en toute impunité envers tout auteur. La légalité des institutions internationales demeure mais pour combien de temps si leur légitimité n'y est plus ?

Dans ce contexte, les interminables négociations sur la réforme du Conseil de Sécurité de l'ONU en vue de contribuer à renforcer sa crédibilité, sa légitimité et son efficacité doivent aboutir. Cependant, compte tenu de l'extrême complexité de cette question, je ne vois pas de solution rapide à ces discussions. La question de réforme devrait être inclue dans les priorités du Nouvel Agenda pour la Paix et dans nos réunions actuelles et futures. Une solution non dogmatique serait sans doute la meilleure.

Reformer la composition du Conseil de Sécurité des Nations Unies - 15 membres (dont 5 permanents) - est une vaste affaire impliquant des enjeux politiques vitaux au niveau de chaque Région du monde. En Asie, Japon, Inde ou Pakistan et qu'en pense la Chine avec son droit de veto ? En Amérique Latine, Brésil, Argentina ou Mexique, qui sera déterminant : la langue ou la puissance économique ? En Europe, toujours la France et le Royaume Uni mais sans l'Allemagne et l'Italie et toujours les suites de la seconde guerre mondiale? En Afrique : Afrique du Sud, Ethiopie, Egypte, Nigéria ou de vraies démocraties: Botswana, Cap Vert et Sénégal ?

Cependant, au-delà de tous ces pays, le Sénat Américain, qui dispose d'un droit de véto sur les décisions du président américain en matière de politique étrangère, acceptera-t-il cette réforme si le véto est supprimé ou généralisé ? Sans la présence des USA, La Société des Nations avait disparu. L'ONU ferait-elle mieux ? En d'autres termes une réforme est nécessaire mais elle gagnerait à être plutôt pragmatique qu'idéologique.

Aujourd'hui, cette conférence de l'Unitar devrait s'inscrire dans le processus de préparation du prochain Sommet du Futur - septembre 2024 - destiné à relancer le système multilatéral.

In fine, de manière plus concrète, l'Unitar pourrait jouer un rôle inattendu pour empêcher que la légitimité internationale ne s'effondre davantage. Alors que de nouvelles guerres éclatent sur toute la planète et que des millions de citoyens interconnectés sont frustrés et le manifestent, notre présente conférence pourrait être le début d'un nouveau processus d'évolution acceptée du système international. En collaboration avec le secteur privé, des organisations indépendantes et des collègues du Secrétariat de l'ONU, l'Unitar devrait penser à la manière dont elle pourrait proposer des réformes pour le bien-être de tous peuples et états. Et en particulier de la Paix Mondiale.

Merci pour votre attention.

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