Madagascar: Le conflit perdure entre le géant minier Ambatovy et les populations voisines

La plus importante société minière de Madagascar est en conflit avec des dizaines de familles. C'est ce que révèle le documentaire Le développement opaque d'Ambatovy, réalisé par les journalistes du réseau d'investigation Malina et financé par l'association Publiez ce que vous payez. Le film, dévoilé ce mercredi 24 avril au public en présence des différents protagonistes, raconte la dégradation des conditions de vie, au fil du temps, des communautés implantées sur les zones d'extraction et la manière dont ces dernières tiennent le géant du nickel pour responsable de leurs maux.

Richard Ranalarison se dit malheureux, mais certainement pas résigné. Ce cultivateur porte la voix de 29 familles, « flouées » estiment-elles, par le minier Ambatovy. « Cela faisait plus de trois générations que nous étions sur ces terres. On nous a demandé de les quitter en échange d'autres terres. On a signé un contrat. Mais les responsables d'Ambatovy n'ont pas pris leurs responsabilités, ils ont négligé notre relocalisation, déplore-t-il. Les parcelles ne sont pas fertiles, ce qui nous cause de grosses pertes. Nous voulons qu'Ambatovy nous offre un terrain plus fertile. Cela fait huit ans que nous n'avons tiré aucun bénéfice de ce terrain. On demande aussi une compensation pour ces huit années de perte. »

Présents lors de la diffusion du reportage, les responsables d'Ambatovy ont décliné notre demande d'interview. Ils estiment avoir offert des compensations justes à la population.

Interrogée, l'ONE, l'Office National pour l'Environnement, dont l'un des rôles est de suivre les accords de prise en charge et de dédommagement pour éviter, entre autres, les impacts sur la population, réfute de son côté toute défaillance. « Ce n'est pas que l'on décline notre responsabilité. Mais ce n'est pas l'ONE qui va donner des terres aux gens, estime Tsilavina Rabefarihy, le chef d'unité du suivi de l'intégration de la durabilité environnementale. On fait notre travail : on réagit, en informant le promoteur de la plainte déposée par les communautés. Et c'est le promoteur qui doit ensuite chercher à résoudre le problème, en l'occurrence Ambatovy. »

Cette situation suscite une nouvelle fois des interrogations quant aux responsabilités des pouvoirs publics en matière de développement et de défense des droits des Malagasy.

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