Le ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation (MINATD), Paul Atanga Nji, a été accusé d'avoir illégalement délivré un récépissé de reconnaissance au bureau du Parti camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) dirigé par Robert Kona. Ce document, daté de décembre 2023, n'a jamais été rendu public et n'a été découvert que récemment dans les tiroirs du cabinet du ministre.
Une reconnaissance en catimini
Le récépissé en question, signé par Atanga Nji lui-même, porte les noms de Robert Kona comme président du PCRN, de son fils comme secrétaire général et d'un troisième individu comme trésorier. Cette reconnaissance est d'autant plus suspecte qu'aucun congrès du PCRN n'a été organisé pour élire ce nouveau bureau, si ce n'est dans le bureau même d'Atanga Nji.
Des motivations troubles
Selon des sources proches du dossier, Atanga Nji aurait délivré ce récépissé à Robert Kona en prévision de sa propre mutation à la tête du ministère de la Défense. Il lui aurait alors formellement interdit de le rendre public. La reconnaissance du bureau de Robert Kona par Atanga Nji est d'ailleurs confirmée par sa correspondance du 27 mars 2024 au secrétaire général du PCRN tendance Cabral, Boubakari Massardine, dans laquelle il évoque un "défaut de qualité" de ce dernier. Cette correspondance se base implicitement sur la reconnaissance du bureau de Robert Kona, une information que Massardine ignore.
Un document qui suscite des interrogations
Ce récépissé frauduleux a récemment posé problème lors d'une demande d'autorisation de manifestation pour le congrès de la tendance Kona prévu le mois prochain. Le sous-préfet de Maroua 3ème, l'autorité compétente, a exigé une base légale pour accorder l'autorisation. Mardi dernier, Atanga Nji a ordonné au sous-préfet de délivrer l'autorisation tout en demandant à Robert Kona de ne pas lui présenter le récépissé, privant ainsi le sous-préfet de tout "fond de dossier".
Des manœuvres qui peinent à prospérer
Les manœuvres d'Atanga Nji pour imposer Robert Kona à la tête du PCRN peinent à prospérer. Au niveau du Mouvement pour la Démocratie et la République (MDR), il a fait organiser une convention frauduleuse avec une vingtaine de personnes pour introniser un nouveau président, Tassi Tigana, qui a été hué par les militants du MDR lors d'une récente "tournée" dans le Nord.
Des pressions sur la justice
Plus grave encore, Atanga Nji aurait tenté de faire pression sur la justice pour faire valider la reconnaissance du bureau de Robert Kona. Par l'intermédiaire d'un avocat, il aurait fait parvenir un "petit mot" au juge chargé de l'affaire à Kaele, lui demandant de se référer à sa hiérarchie pour savoir s'il s'agissait d'un "dossier suivi".
L'avenir du PCRN incertain
Les agissements d'Atanga Nji plongent le PCRN dans une crise profonde. La reconnaissance frauduleuse du bureau de Robert Kona et les pressions exercées sur la justice ternissent l'image du parti et risquent de fragiliser davantage sa cohésion.