Kinshasa — "Balkanisation". C'est par ce terme que les Congolais désignent la tentative des pays voisins de diviser la République Démocratique du Congo (RDC), en la segmentant en de nombreuses zones contrôlées par des groupes armés parrainés par eux. Un schéma qui serait à l'oeuvre dans l'est de la RDC notamment par l'action du M23, un mouvement armé lié au Rwanda.
Mais ce sont dans une certaine mesure tous les États d'Afrique de l'Est qui sont intéressés par une intervention dans l'est de la RDC, à la fois pour protéger leur propre sécurité, en empêchant les rebelles et les mouvements de réfugiés incontrôlés d'entrer sur leur territoire, et pour promouvoir leurs propres intérêts économiques.
Les pays d'Afrique de l'Est tentent de tirer profit des ressources naturelles de la RDC : la concurrence tourne autour de l'augmentation des revenus dans les chaînes d'exportation - sous forme de taxes et de valeur ajoutée. Chaque pays tente d'augmenter le volume des ressources naturelles de la RDC qui transitent par son territoire en accordant des niveaux favorables de taxes à l'exportation, en investissant dans des capacités de raffinage de l'or, mais aussi dans des projets d'infrastructure de transport.
Plusieurs rapports d'experts de l'ONU montrent comment le Burundi, le Rwanda et l'Ouganda profitent du commerce des ressources naturelles de la RDC (or, étain, tantale et tungstène) qui traversent illégalement la frontière de la RDC vers ces pays, d'où elles sont ensuite exportées.
Mais au-delà de l'exploitation minière, l'est de la RDC est également un marché important pour ses voisins, notamment pour les produits agricoles, les biens de consommation et les services.
La concurrence géopolitique entre Etats voisins autour des filières d'exportation de minerais, ainsi que d'autres opportunités économiques telles que le commerce de biens de consommation dans l'est de la République démocratique du Congo, donne aux Congolais l'impression que leur pays est exploité par des voisins qui s'enrichissent dans leur dos.
En 2021, la reprise des armes par le M23, qui les avait déposées en 2013 après une série d'accords avec le gouvernement de Kinshasa, est intervenue au lendemain de l'annonce par l'Ouganda et la RDC d'un projet de collaboration sur la sécurité et la réhabilitation des routes en RDC, qui devait augmenter de manière significative le commerce transfrontalier entre les deux pays. Cela aurait inquiété le gouvernement rwandais car l'une de ces routes aurait menacé ce qui est perçu comme la sphère d'influence de Kigali dans le Nord-Kivu. La nouvelle route aurait permis l'arrivée de nouveaux agriculteurs, ce qui aurait pu modifier l'équilibre ethnique local au détriment de la population rwandaise installée dans l'air.
Les Congolais soupçonnent depuis longtemps le Rwanda de vouloir annexer une partie de la RDC. Des craintes ravivées par la reprise des actions du M23 avec le soutien du Rwanda, dont le président a également déclaré que les frontières de la région devraient être revues car elles ont été tracées pendant la période coloniale.