Niger: Discussions entre Niamey et Washington sur le retrait des troupes americaines du pays - Pourvu que les intérêts du peuple nigérien soient préservés

Le général de brigade Moussa Barmou, commandant des forces d’opérations spéciales du Niger, avec le lieutenant-général Jonathan Braga, commandant des opérations spéciales de l’armée américaine, à la base aérienne 101 au Niger, le 12 juin 2023. (photo d'illustration)

Le divorce semble consommé entre Niamey et Washington, au sujet de leur coopération militaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. En tout cas, les deux capitales se sont accordées sur le principe du retrait des troupes américaines du territoire nigérien.

Il reste maintenant à définir les modalités de ce retrait qui, faut-il le rappeler, intervient après que le régime des généraux au pouvoir, a dénoncé l'accord de coopération militaire passé avec les Etats-Unis en 2012. Des discussions consacrées à cette question ont même débuté le jeudi 25 avril 2024, entre les deux parties qui, visiblement, ont décidé de se quitter dans le respect et sans animosité.

Et c'est tant mieux. En effet, les Américains ne souhaitent pas subir la même humiliation qu'ont vécue les Français dont les soldats ont été chassés du territoire nigérien dans les conditions que l'on sait. Les autorités de Niamey semblent elles aussi, disposées à trouver un compromis pour un retrait à l'amiable. Une posture totalement différente de celle qu'elles ont eue vis-à-vis de Paris.

Cette différence de traitement entre Paris et Washington pourrait s'expliquer par les attitudes différentes des deux capitales vis-à-vis des militaires à leur prise de pouvoir à Niamey. En effet, les Américains ont été parmi les premiers pays à reconnaître la légitimité des nouvelles autorités du Niger au moment où la France soutenait officiellement le déploiement d'une force militaire envisagé par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), pour déloger les putschistes et rétablir l'ordre constitutionnel dans ce pays membre.

Aucune des deux parties n'a intérêt à ce que les choses se passent dans le désordre et la colère

Cela dit, il convient de saluer l'initiative du dialogue voulu par les autorités nigériennes et la partie américaine. Sans doute cela leur permettra-t-il de s'accorder sur un calendrier du retrait des troupes américaines et de définir les conditions dans lesquelles se fera ce départ au forceps. Car, de toute évidence, aucune des deux parties n'a intérêt à ce que les choses se passent dans le désordre et la colère.

Le Niger a surtout intérêt à ce que ce divorce se fasse sans anicroches au risque de se créer un ennemi de plus dans sa guerre engagée contre les groupes armés terroristes qui sèment terreur et désolation au sein des populations. C'est dire si les autorités de Niamey doivent s'assumer pleinement lors de ces discussions avec les Américains. C'est d'autant plus nécessaire qu'il ne s'agit pas de se débarrasser d'un ami devenu encombrant pour se jeter dans les bras d'un autre.

En fait, ce n'est un secret pour personne. Le départ des troupes américaines, à l'instar de celui des soldats français, est réclamé à cor et à cri, par Niamey, du fait de sa proximité avec Moscou dont la présence, notamment militaire, est en train de se renforcer dans ce pays. Le Niger est évidemment libre de choisir ses partenaires, parce qu'il est un pays souverain.

Mais cette souveraineté ne devrait avoir aucun autre objectif en dehors de la satisfaction des aspirations réelles du peuple nigérien. Autrement dit, dans les discussions avec Washington, seuls doivent prévaloir les intérêts des Nigériens qui ne demandent qu'à sortir de la précarité et à vivre dans la paix.

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