A l'occasion de la 20e édition de la Semaine nationale de la culture SNC Bobo 2023, la troupe Songtaaba de Andemtenga, une commune de la province du Kourittenga (Koupèla) a créé la sensation en remportant le Grand prix national des arts et des lettres (GPNAL) dans la catégorie choeur populaire. Créée en 2006, la troupe était à sa première participation à la biennale de la culture burkinabè.
Le pagne traditionnel noué et la poitrine ceint d'un bandeau, le foulard « liwli pendé » recouvrant la natte traditionnelle et le collier pendant sur la poitrine, des dames, dans une coordination de gestes, miment la femme à la meule. Pendant ce temps, les hommes, traditionnellement vêtus et coiffés du chapeau de Saponé, daba ou arc en main, entre deux pas de danses, jouent au cultivateur ou au chasseur.
Le tout contenu dans une corde de voix poétique au rythme de tam-tam, bendré, lounga et autre kundé. Cette mise en scène de la vie au village, lors des compétitions du Grand prix national des arts et des lettres (GPNAL) de la 20e édition de la Semaine nationale de la culture SNC Bobo 2023, est de la troupe Songtaaba de Andemtenga, une commune de la province du Kourittenga. La mélodie, soutenue par une percussion du terroir relevée à travers deux compositions reposait sur de registres différents. « D'entrée de jeu, nous avons joué le thème se rapportant au patriotisme et à la combativité dans un genre assez populaire », a expliqué le responsable de la troupe, Maurice Kaboré, par ailleurs assistant culturel de la commune de Andemtenga. « Ensuite, nous avons enchaîné dans un registre soutenu, accompagné de chant poétique, le wanda ramba, c'est-à-dire les circoncis, interpelant par-là les uns et les autres au patriotisme », a ajouté Maurice Kaboré.
Une première provinciale
La troupe Songtaaba fait ainsi sensation dans la catégorie choeur populaire, sur la tribune d'émulation de la maison de la Culture Mgr Anselme Ttianma Sanon. Elle s'adjuge, pour sa première participation à la biennale de la culture burkinabè, le GPNAL. « Pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître. C'est une fierté partagée par toute la troupe car ce sacre se révèle être le premier de la province en art du spectacle et particulièrement dans la catégorie choeur populaire », a témoigné le responsable. Une fierté manifestement exprimée par Salomé Béré, une des chanteuses de la troupe. « Ce prix vient récompenser un travail accompli durant des années. Il valorise notre commune, voire toute la province et ceci montre que la SNC apporte un plus à la valorisation de la musique traditionnelle », a-t-elle estimé.
Et Maurice Kaboré de rappeler que cette prestation devait être jouée en 2020. « Il faudrait aussi souligner que l'autre atout de la troupe reste la chance, car nous n'avons pas subi de défection de membres quand bien même la troupe a élu domicile à Koupèla du fait de l'insécurité afin de pouvoir continuer les répétitions », a rappelé l'assistant culturel. Et l'année 2023, fut l'année du sacre pour cette troupe composée d'étudiants, de ménagères, de fonctionnaires, de commerçants et de cultivateurs. Fierté du Kourittenga, la troupe a été sollicitée à plusieurs occasions au niveau provincial et à Ouagadougou, à l'occasion du Salon international du tourisme et de l'hôtellerie de Ouagadougou (SITHO).
Manque de ressources
Une donne que le directeur provincial en charge de la culture, Wendlasida Amédé Silga, inscrit dorénavant dans la stratégie de promotion des artistes et groupes artistiques du Kourittenga. « Koupèla est une ville animée et tous les lauréats, à l'image de la troupe Songtaaba de Andemtenga, seront dorénavant les premiers à être sollicités », a indiqué Amédé Silga. Créée en 2006, la troupe Songtaaba de Andemetenga est adossée à l'Association jeunesse et promotion (AJB) et poursuit des objectifs comme l'autopromotion des jeunes, la promotion de la cohésion sociale, des droits de l'enfant, de l'hygiène et de l'assainissement. Elle officie ainsi à travers une diversité d'activités culturelles. En effet, selon le responsable de la troupe, en plus du choeur populaire, le théâtre, la danse traditionnelle, le slam et la musique moderne y sont joués.
« Les collectivités locales ont un pauvre regard sur les activités culturelles, aussi elles préfèrent investir par exemple dans le sport », a déploré l'assistant culturel de la commune qui estime que la culture oeuvre pourtant à la paix. La rénovation des instruments et accessoires de musique et l'habillement d'après lui, coûtent excessivement cher à la troupe dont la difficulté majeure est le manque de ressources. « Le montant remis aux lauréats n'est pas suffisant mais nous prenons en compte la situation que traverse le pays en ce moment », a confié Bernard Naré, un des instrumentistes de la troupe.