Artiste slameuse originaire de la République démocratique du Congo, Do Nsoseme fait partie des artistes invités à la 3e édition du festival Slamouv qui a tenu sa première partie du 17 au 20 avril à l'Institut français du Congo de Brazzaville. Avec sa douce voix et des textes poignants, son passage sur scène avait séduit le public. Dans cet entretien, elle fait le point sur sa participation au Slamouv 2024 tout en partageant quelques points de son parcours.
Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Depuis quelle année pratiquez-vous le slam et quel en avait été le déclic ?
Do Nsoseme (D.N.) : Je fais du slam depuis 2012. Alors, j'écrivais des textes, des poèmes, depuis le secondaire, surtout aux humanités. Puis un jour, je me suis demandé : qu'est-ce que je veux en faire ? Il y a un ami qui avait lancé un collectif de slameurs en 2012 et il m'a invité. Je me suis dit : pourquoi pas ? Parce que j'avais envie de me faire entendre. Et donc je me suis lancée comme ça et puis j'ai pris goût, je suis restée.
L.D.B.C. : Et depuis ce jour, ça se passe comment cette aventure dans l'univers du slam ?
D.N. : Ça se passe assez bien. Des festivals, mais aussi des concerts collectifs ou personnels. Beaucoup de scènes localement et puis à l'international. J'ai surtout été en Belgique, j'ai fait également l'Autriche. J'ai par exemple participé au Slam award. J'ai participé à un festival sur le Congo à Liège. J'ai été invitée également à slamer en Autriche, à Graz et à Vienne dans le cas d'autres activités.
Et, je suis très ravie en tout cas d'être là pour le festival Slamouv qui m'offre beaucoup d'opportunités. C'est ma première fois dans un festival ou même un concert à Brazzaville et j'aime bien. En gros, je dirai que ça se passe bien mais ce n'est pas toujours évident de tout mettre en place. Parce qu'après il n'y a pas beaucoup de promoteurs culturels en RDC. Et ça fait qu'il faut organiser tout par soi-même. Par exemple, à Kinshasa on a une initiative qu'on appelle le « Slam et micro ouvert à Kinshasa ». Une fois par mois, on se réunit pour slamer. Mais ça reste insuffisant et il faut surtout le faire avec ses propres moyens.
L.D.B.C. : Comment s'est faite votre participation au Slamouv 2024 ?
D.N. : Je connais Mariusca depuis un moment en tant que slameuse. Elle est déjà venue plusieurs fois à Kinshasa et nous sommes en contact. Lors d'un séjour, elle m'a proposé une invitation au festival. Agréablement surprise, j'ai dit, bien évidemment que je le veux, oui. Et donc me voici (rire).
L.D.B.C. : Parlez-nous de votre passage au festival Slamouv 2024 ? Qu'est-ce qu'on peut en retenir ?
D.N. : J'aime beaucoup parler d'amour parce que je suis une grande amoureuse. Même si dans mes textes j'ai parlé des traces que l'amour laissent. Mais, en même temps, j'invite les gens à se joindre à la danse de l'amour avec le texte « Tu viens ». « Tu viens maintenant ici, tu ne penses à rien, tu viens et on va s'aimer ». En parallèle, j'interpelle car quelquefois l'amour blesse, il faut faire attention, ça laisse des traces, parfois des traces assez difficiles qui ne s'effacent pas ». Durant ma prestation, j'ai aussi évoqué la situation dans mon pays parce que, pour moi, slamer c'est également prendre position, c'est également claquer les mots, claquer non seulement les M-O-T-S mais les M-A-U-X. Parce qu'il y a des choses qui se passent, on ne peut pas juste rester là passif, il faut contribuer à sa manière, à sensibiliser et peut-être que les choses vont changer.
Et comme je viens d'un pays en guerre, en conflit depuis une trentaine d'années maintenant, je ne peux qu'en parler. « Oser l'impossible » qui était le thème de cette édition, ça représente déjà de se mettre là sur scène, d'oser partager. Qui aurait cru qu'on aurait le slam comme art oratoire et qu'on pourrait, à travers cet art, partager nos pensées ? Ce qui se passe dans nos vies, comment on voit le monde. Mais après « Oser l'impossible », c'est également cette extension du festival Slamouv. Je suis étonnée, c'est extraordinaire de pouvoir organiser un festival sur différentes locations comme ça. On est à Brazzaville, on sera à Pointe-Noire, à Dolisie et c'est magnifique.
L.D.B.C. : Slamouv est organisé par une jeune slameuse comme vous, Mariusca Moukengue. Que pouvez-vous lui dire au regard du travail remarquable qu'elle abat pour la promotion de cet art au Congo et à l'international ?
D.N. : Mariusca, n'abandonne pas. Parce qu'il faut qu'il y ait des gens comme toi qui nous réunissent, malgré toutes les occupations que nous avons et tout ce qui nous éloigne parfois. Mais il faut qu'il y ait des personnes comme toi qui nous disent : et si on faisait quelque chose ensemble ? Et si on se joignait à une fête du slam au Congo avec toutes les représentations de ces différents pays pour partager quelque chose, à savoir le slam ? Donc, Mariusca, n'abandonne pas et merci beaucoup. Pour Slamouv, je souhaite que ça brille, que le slam s'enflamme et que le Slamouv aille de gloire en gloire.