Ile Maurice: Somduth Dulthumun - «On attend qu'il y ait mort d'homme pour démolir le bâtiment de KFC ?»

Il ne fait pas bon être rue La Poudrière par temps de pluie. Sauf que le musée d'histoire naturelle de Port-Louis n'a nulle autre adresse. Salle de l'écosystème, salle des poissons, salle des insectes, magasin de souvenirs, les averses du dimanche 21 avril n'ont pas épargné les lieux. En l'espace de trois mois, c'est la seconde fois depuis le début de l'année que le musée de Port-Louis est inondé.

Ce lieu consacré à l'histoire naturelle et aux ossements du dodo est resté fermé toute la semaine, le temps d'enlever la boue qui a souillé les salles. La première inondation du musée de Port-Louis en 2024 remonte au passage du cyclone Belal, le 15 janvier. Les eaux étaient montées jusqu'à certains artefacts. Laissant des traces tout le long des présentoirs et des objets exposés.

Somduth Dulhumun, président du Mauritius Museums Council (MMC), confirme les dégâts des eaux de dimanche. «C'est comme la dernière fois, il y a plein de boue dans le musée.» Il estime que le musée de Port-Louis devrait rouvrir ses portes aux visiteurs le lundi 29 avril. Si entre les deux inondations, les sacs de sable sont restés à côté des portes du musée et que «nous avons fait des travaux de consolidation, le courant a enfoncé les portes».

Est-ce que les eaux sont entrées dans la salle du dodo ? Oui, déplore le président du MMC. «Mais les artefacts concernant le dodo sont intacts», rassure-t-il. Quelle est la valeur des dégâts ? Après le cyclone Belal, ils avaient été évalués à «Rs 1,7 million. Cette fois-ci nous estimons que cela va tourner autour de la même somme».

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Photo prise le mercredi 24 avril à l'intérieur du musée de Port-Louis, montrant qu'il a été inondé suite aux fortes pluies du dimanche 21 avril

Des budgets sont-ils prévus pour ces cas de force majeure ? Somduth Dulthumun explique : «Nous attendons d'avoir des fonds pour payer pour les travaux nécessaires après le cyclone Belal. La situation est difficile pour le musée. Le budget que nous accorde le ministère des Arts et du patrimoine culturel concerne strictement les dépenses annuelles. Maintenant, nous devons faire face à une seconde inondation alors que le ministère n'a pas encore payé pour la première.» Le responsable dit attendre les provisions de la prochaine année financière, «à moins que l'on accorde un one-off grant au MMC».

Dans la pratique, ajoute le président du MMC, ce sont des sommes prévues pour d'autres usages qui sont utilisées pour «payer pour les camions et Bobcats qui doivent enlever tous les débris. Si cela continue, ce sera l'asphyxie». Des partenariats avec le secteur privé sont-ils envisagés pour soutenir le musée de Port-Louis ? «Jusqu'à présent, il n'y a pas ce type de parrainage.»

Le musée est resté fermé cette semaine le temps du nettoyage.

Vu la configuration du quartier de Port-Louis où se trouve le musée et les risques réels que les inondations se répètent aux prochaines fortes pluies, quelles sont les solutions à long terme envisagées par le MMC ? «La municipalité de Port-Louis et d'autres autorités doivent faire enlever le bâtiment de Kentucky Fried Chicken (KFC)», affirme Somduth Dulthumun.

«Est-ce qu'on attend qu'il y ait mort d'homme pour démolir ce bâtiment ?» Rappelons que la démolition de ce bâtiment situé en face du musée de Port-Louis est au centre d'un bras de fer qui s'éternise. Début avril, le vice-Premier ministre et ministre des Collectivités locales, Anwar Husnoo, a affirmé que la mairie de Port-Louis ne pouvait rien faire contre Pick'N'Eat, société qui gère l'enseigne KFC car l'emplacement a été approuvé par une loi votée au Parlement.

Et qu'il faudrait initier les procédures pour abroger cette loi. Il a aussi indiqué qu'une mise en demeure serait servie à Pick'N'Eat pour cette démolition. Parmi les voisins en face de KFC, il n'y a pas que le musée de Port-Louis, mais aussi le bâtiment du Trésor où se trouve le bureau du Premier ministre. Selon Somduth Dulthumun, la cour du bâtiment du Trésor a également subi des inondations. «La Land Drainage Authority travaille sur cette question.»

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