Afrique de l'Ouest: Le pétrole coule entre le Niger et le Bénin

En dépit de la crise politique entre le Niger et le Bénin, le nouvel oléoduc qui relie les deux pays est entré dans sa phase d'activité.

Cette importante infrastructure, qui a été inaugurée en novembre 2023 et été rendue opérationnelle le 4 mars 2024, à la faveur de la visite au Bénin de fonctionnaires des douanes nigériennes, pourrait améliorer les relations entre les deux pays.

Même si elle n'est pas encore vraiment officielle, à en croire les autorités béninoises, l'arrivée des premières gouttes du pétrole nigérien par le pipeline Niger-Bénin à la station terminale de Sémé Kraké, côté béninois, semble désormais actée.

Une bonne nouvelle pour les Béninois, selon Moumouni Khalilou Boubacar, opérateur économique nigérien vivant au Bénin. Il rappelle que "c'est un projet attendu de part et d'autre des deux Etats. Le projet de pipeline va créer de nombreux emplois directs et indirects, c'est un soulagement pour nos deux Etats."

Le Niger booste sa production pétrolière

Le pipeline, long de 2.000 kilomètres, relie les champs pétroliers d'Agadem à un terminal situé entre Cotonou et Porto-Novo, et fait désormais du Niger l'un des principaux producteurs de pétrole sur le continent africain.

Sa production quotidienne, qui était de 20.000 barils, connait ainsi une croissance significative et passe désormais à 120.000 barils.

Dans un contexte de crise entre le Niger et son voisin, l'économiste Rodrigue Rustico se dit persuadé que ce projet jouera un rôle crucial dans l'atténuation de la tension qui prévaut depuis bientôt un an entre les deux Etats.

Pour lui, "c'est un élément très important qui relie désormais les deux pays. Le Bénin a beaucoup à gagner sur le plan fiscal. Quand vous voyez déjà les recettes fiscales prévisionnelles, on tourne autour de 500 millions de dollars. Le Bénin pourra également créer près de 2.000 emplois. C'est purement des intérêts économiques qui sont en jeu. On ne va pas investir autant d'argent et se diviser. Il n'y pas de raison que chaque Etat puisse décider de rester dans son coin pour pouvoir avancer."

Un projet qui suscite la fierté

Partout au Bénin, comme d'ailleurs dans toutes les localités du Niger, l'aboutissement de ce projet semble faire la fierté des populations. Pour Moustapha El Hadji Adam Obama, activiste résidant à Zinder, c'est le sens des intérêts communs qui a pris ainsi le dessus sur la politique.

Il estime que "les deux pays ont deux visions différentes par rapport à ces questions politiques. Etant donné que la nature a fait que ces deux pays sont voisins, et que bien avant ce coup d'Etat il y avait eu un projet économique, par rapport à cela, les autorités de ces deux pays ont eu un grand esprit de ne pas interrompre ce projet, et que le pétrole du Niger a coulé près de 2.000 km pour aller au Bénin."

Mais pour l'heure, les relations demeurent tendues entre Cotonou et Niamey. La frontière terrestre entre les deux pays, pourtant officiellement rouverte, est maintenue fermée par les autorités nigériennes qui bloquent toujours les camions en provenance du Bénin. Le pétrole pourrait donc jouer un rôle dans la décrispation de la situation.

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