De l'émoi suscité chez plus d'un Congolais suite au supplice vécu par une compatriote à Ouesso, dans la Sangha, kidnappée, torturée puis assassinée, il en restera toujours beaucoup d'incompréhension et d'amertume. L'acte insoupçonné a été perpétré par un sujet camerounais rattrapé dans sa fuite par les services de son pays puis remis à la partie congolaise afin qu'il réponde de son horrible forfait.
En dépit de la gravité des faits, le pillage des biens des ressortissants camerounais dans certaines localités du département de la Sangha n'avait pas lieu d'être car devant la loi, seul le coupable doit être poursuivi et condamné si tant est que les griefs qui lui sont imputés sont avérés. Pour la circonstance, la responsabilité de ce dernier est établie comme le prouvent les témoignages et autres images postées sur les réseaux sociaux.
Les hautes autorités du Congo et du Cameroun l'ont conclu ainsi puisqu'elles ont de concert entrepris de sensibiliser leurs compatriotes à la nécessité de préserver le climat de paix qui a toujours prévalu entre Yaoundé et Brazzaville. Le 17 avril, le ministre congolais de l'Intérieur et de la Décentralisation s'est rendu dans la Sangha où il a été rejoint par l'ambassadeur du Cameroun au Congo pour ce plaidoyer en faveur de l'apaisement.
Sillonnant les différentes localités qui accueillent bon nombre de Camerounais, et où la colère des Congolais s'est exprimée de la manière que l'on a pu constater, les deux officiels ont réitéré les appels à la vigilance, à la tolérance et au vivre-ensemble, seuls gages pour assurer à chacun le long des frontières communes et à l'intérieur de celles-ci la quiétude nécessaire.
Il est une exigence que des citoyens ayant choisi une seconde patrie pour y mener leurs activités, même sans être binationaux, doivent inscrire dans le marbre de ses rêves : ne jamais enfreindre les lois et règlements du pays d'accueil, et surtout ne pas verser dans le crime gratuit comme cela a été le cas dans le chef-lieu du département de la Sangha. Aucun pays, si accueillant soit-il ne peut assister impuissant à de tels agissements.
À l'heure où les mécanismes dédiés à l'intégration régionale en Afrique centrale et au sein du continent se renforcent, le volet immigration doit être perfectionné. Afin que des hors-la- loi, non seulement ne puissent bénéficier des faveurs des administrations habilitées, mais aussi ne puissent prospérer dans le crime, même quand par quelque manière que ce soit, ils réussissent à franchir les frontières de façon illégale.
A Brazzaville comme à Yaoundé où vivent en bonne intelligence Congolais et Camerounais, le douloureux épisode de Ouesso doit servir de repère contre la barbarie et être considéré comme le dernier. Les deux peuples ont en effet des domaines bien plus nobles sur lesquels ils peuvent coopérer et se rendre service mutuellement.