L’élection présidentielle en Côte d’ivoire aura lieu très certainement en Octobre 2025, au terme du supposé dernier mandat du président Alassane Ouattara, sauf coup de théâtre, comme ce dernier sait en produire. En tout cas, le moins qu’on puisse dire, est que déjà en 2020, il avait invoqué un cas de force majeure, en raison du décès du premier ministre Amadou Gon Coulibaly pour acter sa candidature.
En revanche, tout laisse croire que le rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la Paix (RHDP) au pouvoir, risque de vivre des moments un peu compliqués, quasi similaires à ce qui s’est passé au Sénégal avec le président Macky Sall. En effet, la position de « ni oui, ni non » affiché par le président sénégalais d’alors, concernant un éventuel 3ème mandat, souhaité par ses partisans et contesté, a conduit in extremis au choix d’un candidat par défaut, et à la défaite de la coalition au pouvoir, dès le 1er tour.
En tout cas ce qui est constant, c’est que la candidature pour un 4ème mandat du Président Ouattara, malgré ses 82 ans, reste dans l’ordre du possible, si on fait une lecture fine des propos du président de l’Assemblée Nationale de Côte d’ivoire Adama Bictogo, qui bien qu’étant en embuscade, dit « être à l’écoute » du leader du RHDP. Ouattara lui-même garde jalousement le silence sur cette question, alors que dans le même temps, ses thuriféraires le poussent à se présenter, estimant qu’il n’y pas d’alternative après lui, au sein du RHDP, car il a un bilan. Celui-ci du reste ne fait pas l’unanimité, notamment pour les partisans du changement générationnel, qui estiment que sur certains aspects comme le coût de la vie, il y a à parfaire.
L’arrivée de Tidjane Thiam, « estampillé du sceau de « M. Propre » et qui vient de succéder au « Sphinx de Daoukro » Henri Konan Bédié, patron incontesté du PDCI-RDA, décédé le 1er Août 2023, reste une équation à plusieurs inconnus de ce qui est aujourd’hui perçu comme « le duel à trois ». D’abord, au regard des relations connues avec le Président en exercice Alassane Ouattara, vis-à-vis de qui, il est présenté par certains, comme un challenger de taille, et pour d’autres comme un Joker. En tout cas à l’origine de la création du RHDP, il y avait des hiérarques du PDCI-RDA dont certains sont restés après la séparation.
Ensuite Tidjane Thiam devra aplanir, les dissensions internes nées de son élection, le 22 décembre 2023 à la tête de son parti, qui s’apprête à offrir des obsèques dignes de son rang à Henri Konan Bédié. Sera-ce le prétexte pour lui d’asseoir sa légitimité définitivement en cas de succès dans la conduite de cette événement ? Il devra en tout cas porter l’héritage et l’assumer devant le peuple du PDCI-RDA, qu’il commence d’ailleurs à mobiliser sur l’étendue du territoire, tant au niveau des structures, que des réseaux et mouvements de sympathie.
Toutefois l’affaire ne sera pas une partie de plaisir, car Laurent Gbagbo de son côté est depuis le 09 mars 2024 investi par le PPA-CI, son parti, comme candidat à la présidentielle, même s’il doit au préalable régler le problème de sa réinscription sur les listes électorales, ce qui n’est pas encore le cas. C’est dire donc, que les jeux ne sont pas encore faits, et le processus électoral risque d’être jalonnés d’incertitudes à la fois pour les candidats qui seront officiellement en piste, mais aussi les possibles alliances et mésalliances.
Il n’est pas à exclure que des leaders comme Guillaume Soro, qui se signale ces derniers temps, ou Pascal Affi Nguessan, voire Adama Bictogo (RHDP) où Jean Louis Billon (PDCI-RDA), puisse être les arbitres d’un éventuel duel à trois Thiam, Ouattara, Gbagbo. Au cas où Ouattara ne serait pas candidat, les jeux seront largement ouverts à ces prétendants issus du sérail des partis historiques traversés aujourd’hui par des dissensions qui donnent à penser qu’ils étaient en fin de cycle.