Infrastructures routières, hôtelières, modernisation de l'aéroport international de Banjul : les autorités gambiennes n'ont pas lésiné sur les moyens pour pouvoir accueillir les 3 000 participants attendus au 15e sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) prévu les 3 et 4 mai dans la capitale gambienne, a constaté l'APS.
Banjul a changé ! Cette exclamation peut émaner d'un visiteur ayant séjourné un, voire deux ans auparavant dans la capitale gambienne. Les routes plus ou moins étroites ont laissé place à de larges avenues, des échangeurs et des voies secondaires de qualité.
Bien que certaines infrastructures soient encore à l'état de chantier, les autorités de ce pays aux frontières terrestres exclusivement ouvertes sur le Sénégal le clament haut et fort. La Gambie est prête à organiser la conférence de l'OCI sur le thème de "la quête de solutions collectives pour surmonter les défis auxquels les Etats membres sont confrontés".
C'est à croire que c'est la priorité du moment. Des affiches géantes à l'effigie du chef de l'Etat gambien, Adama Barrow, sur lesquelles sont inscrits en anglais, en français et en arabe des mots de bienvenue aux hôtes du sommet, ornent les lieux stratégiques et les endroits très fréquentés de la capitale.
"Nous avons beaucoup avancé dans la préparation du sommet de l'OCI. Des pas importants ont été franchis en termes de construction et de modernisation de plusieurs infrastructures routières et hôtelières", a confirmé, à des envoyés spéciaux de l'APS, Ismaïla Cissé.
Revenant ce jour-là d'un comité interministériel consacré à l'organisation de l'évènement, le ministre de l'Information gambien en voulait pour preuves l'érection d'un espace VIP au salon d'honneur de l'aéroport international de Banjul et la rénovation du centre international de conférences Dauda Kairaba Diawara, où les travaux du sommet vont se dérouler.
"La Gambie est prête sur tous les plans"
Sur place, des ouvriers s'affairaient aux derniers travaux de pavage, de nettoiement et de peinture pour redonner au centre de conférence un éclat.
Pour le ministre de l'Information de la Gambie aucun détail n'est de trop pour réussir l'organisation du sommet qui avait été reporté de deux ans pour permettre, entre autres, au pays de mieux peaufiner sa préparation.
"Aujourd'hui la Gambie est prête sur tous les plans pour accueillir les hôtes du sommet et réussir une organisation parfaite de l'évènement, la deuxième plus grande rencontre internationale après l'Assemblée générale des Nations unies", a encore insisté M. Cissé.
"Les routes pourront être utilisées des années encore, d'autant qu'il y a des localités qui en ont maintenant, alors qu'elles n'en disposaient avant que l'organisation du sommet ne soit confiée à la Gambie", a expliqué le ministre gambien en faisant savoir que son pays attendait beaucoup de l'organisation de cette rencontre internationale.
Un forum pour attirer des investissements et générer de l'emploi pour les jeunes
"Beaucoup d'argent a été investi, mais nous pensons que cela en valait la peine en raison des retombées que la tenue du sommet pourraient générer", a fait valoir Cissé en évoquant notamment l'exposition médiatique favorable à l'attractivité touristique du pays et son rayonnement diplomatique.
C'est sans doute la raison pour laquelle un forum consacré à l'investissement est prévu les 2 et 3 mai dans la capitale pour vendre la destination Gambie et attirer les investisseurs.
"L'attractivité du pays permettra d'attirer des investissements et générer de l'emploi pour les jeunes gambiens. La visibilité sur toutes les plateformes numériques du monde et la stabilité sont de formidables opportunités pour vendre la destination Gambie", a souligné Ismaïla Cissé.
Le pays dirigé par Adama Barrow, qui se prévaut d'un rôle important dans le monde islamique au point d'avoir été à l'origine d'une plainte contre la Birmanie à la Cour internationale de justice, accusée de persécutions contre les Rohingyas, la minorité musulmane dans ce pays, mise beaucoup sur le fait d'assurer les trois prochaines années la présidence de l'OCI qui compte 57 Etats membres.
De bonnes affaires en perspective
" A l'issue de la conférence, la Gambie va présider pour trois ans la présidence en exercice de l'OCI. C'est une opportunité de travailler au rayonnement diplomatique du pays", s'est déjà projeté son ministre de l'Information.
Il a assuré que Banjul avait d'ores et déjà élaboré une stratégie qui sera mise en oeuvre dans les domaines de l'agriculture, de l'éducation, de la santé et du développement des infrastructures.
Il faut noter que l'attente est davantage grande dans certains secteurs d'activités liés notamment au tourisme. Il en est ainsi au marché d'objets d'art du quartier Sénégambie où les vendeurs se sont déjà mis à l'idée de faire davantage de profits avec la tenue du sommet de l'OCI dans le pays. Bon nombre d'entre eux ont acquis de nouveaux articles qu'ils comptent revendre aux hôtes du sommet.
"Nous plaçons beaucoup d'espoir dans l'organisation du sommet de l'OCI. Nous souhaiterions vraiment les voir débarquer dans ce marché et acheter les objets que nous vendons", a ainsi déclaré sous le sceau de l'anonymat une femme d'une soixantaine d'années, qui vend des perles, colliers traditionnels et des pirogues en miniature aux couleurs de la Gambie.
Mêmes attentes du côté d'Adama Soumaré, un Sénégalais dont la boutique a pignon sur rue dans ce haut lieu de négoce d'objets d'art.
L'homme originaire de Nioro, dans le centre du Sénégal rêve de bonnes affaires et espère, par-dessus tout, que le sommet permettra de booster les activités.
"Le Sénégal et la Gambie forment un seul et même peuple. Nous nous sentons chez nous ici. Voir la Gambie organiser le sommet nous intéresse énormément", a de son côté indiqué Cheikh Samb, un négociant de chapelets et autres objets d'art faisant depuis une vingtaine d'années la navette entre son Mbour natal et la capitale gambienne.