Des bateaux-citernes battant pavillon camerounais sont soupçonnés de participer à la « flotte de l'ombre », aussi appelée « flotte fantôme » utilisée par certains pays pour contourner les sanctions économiques internationales.
« Il est parti le 14 avril du port russe de Rulu Luga ; là en ce moment, il est au large du Portugal et il va en Grèce... » Sur le site marinetraffic.com, Vincent Gaudio suit en temps réel le trajet d'un tanker battant pavillon camerounais. Selon le directeur de l'entreprise Amanar Advisor, spécialisée en intelligence économique, en 2023, « une bonne dizaine » de bateaux-citernes camerounais ont séjourné dans des ports russes.
« L'usage de bateaux d'un pays tiers, il n'y a rien d'illégal là-dedans. En fait, c'est plutôt la vente hors du cadre des sanctions du carburant et l'usage de vecteurs pour transporter ce carburant-là qui est aujourd'hui reproché. C'est plutôt sur cet aspect-là que le Cameroun est attendu. Il est attendu sur la gestion de la flotte de navires qui ont un pavillon camerounais et à quoi servent ces bâteaux-là. »
L'enjeu, c'est la traçabilité des navires, de leur cargaison et du respect de la limite fixée à 60 dollars le baril de pétrole russe, fixé dans le cacre des sanctions. Le 22 avril, le ministre camerounais des Transports a annoncé la suspension pendant six mois, renouvelables, de l'immatriculation des navires, et la numérisation du registre. Une annonce faisant suite à l'audience accordée en mars au diplomate britannique Barry Lowen.
Londres abrite le siège de l'Organisation maritime internationale. Et l'institution s'était inquiétée dans sa résolution de décembre des « opérations illégales » menées par des navires « non déclarés », demandant, entre autres, aux États du pavillon de prendre des mesures quand des bateaux - par exemple - désactivent ou manipulent leurs systèmes de géolocalisation.