Dakar — La grève du Syndicat démocratique des travailleurs du transport routier de Dakar Dem Dikk (DDD) a paralysé, lundi, le transport urbain et interurbain au grand dam des nombreux usagers de la société publique de transport.
Au terminus de Dakar Dem Dikk de liberté 5, ce n'était pas l'ambiance des grands jours. Les bus qui devaient rejoindre les régions sont à l'arrêt à cause d'un mouvement d'humeur spontané observé par le syndicat.
"Même moi qui travaille à DDD, je n'étais pas au courant de la grève. C'est dommage. C'est une partie des travailleurs qui est en grève. Ils sont venus très tôt le matin arracher les clés bus et barricadé l'entrée et la sortie du terminus. C'est indépendant de notre volonté. On s'excuse vraiment", déclare un membre du personnel face aux nombreuses interpellations des voyageurs désespérés.
Au téléphone, Amy explique son désarroi à une collègue qui devait prendre un bus. Amy qui avait prévu de se rendre au Fouta (Nord) déplore l'absence du préavis de grève. "Ce n'est pas normal. On a perdu beaucoup de temps. Il faut au moins prévenir les gens. Ce n'est pas professionnel", a-t-elle fustigé avant d'observer un petit silence et de poursuivre. "Comment peut-on aller en grève sans préavis", s'interroge-t-elle encore.
"C'est dommage, j'ai acheté hier un ticket pour me rendre aujourd'hui à Diourbel. L'heure de départ était prévue à 15h mais à ma grande surprise, ils m'ont signalé que les travailleurs sont en grève", s'offusque une autre cliente.
Fatou et sa petite soeur devaient également aller à Kébémer (Louga). Désespérée, elle tente de rallier la gare routière des Baux-Maraîchers où la trentaine espère trouver un moyen de transport pour pouvoir voyager. "Je voulais me rendre à Kébémer. Tout mon programme a été perturbé par cette grève que j'ignorais totalement. Ils devraient nous avertir et nous rendre au moins notre argent", fulmine t-elle.
"Le syndicat dénonce des nominations politiques"
"L'Etat doit prendre ses responsabilités et organiser cette société. Une société nationale comme DDD ne peut pas se permettre de telles choses. Les nouvelles autorités doivent intervenir et régler définitivement ces problèmes", soutient Abdoul Aziz Fall, qui avait prévu de se rendre à Touba.
Selon le syndicat démocratique des travailleurs routiers de DDD, "ce mouvement humeur spontané est dû à des nominations politiques au sein de l'entreprise".
"On a constaté qu'il y a une forme de discrimination au sein de Dakar Dem Dikk. L'élément déclencheur, c'est qu'on a appris que le DG a promu des agents qui ne le méritent pas", a expliqué un syndicaliste qui a requis l'anonymat.
"Ces postes reviennent de droit aux plus anciens mais le DG a donné ces responsabilités à des agents qui sont nouveaux dans l'entreprise pour des raisons purement politique", dénonce t-il, invitant les nouvelles autorités à intervenir pour régler la situation.
Ousmane Sylla réfute ces accusations et évoque des nominations pour "améliorer le fonctionnement de l'entreprise"
"Nous voulons avoir un Directeur général qui travaille et qui connait bien le secteur du transport. Nous ne voulons plus avoir un directeur général politique", a-t-il-lancé à l'endroit.
Interrogé par la RFM, le Directeur général de Dakar Dem Dikk Ousmane Sylla a balayé les accusations du syndicat, expliquant que "ces nominations visent uniquement à améliorer le fonctionnement de l'entreprise".
"A Thiaroye, nous avions un chef de division qui est parti depuis 4 mois et ce chef de division n'a pas été remplacé. Pendant ce temps, j'ai choisi d'observer et voir ce que nous pouvons faire", a t-il-expliqué.
"Vu les situations difficiles que nous rencontrons dans ces ateliers, nous avons pris l'adjoint à ce chef de division pour le nommer chef, nous avons pris un autre qui le suivait pour le nommer chef d'atelier et ensuite pour mixer nous avons un agent autre venant du dépôt de Ouakam pour le nommer chef d'atelier pour avoir deux chef d'atelier, ce que le syndicat n'a pas apprécié", a dit M. Sylla.
Ousmane Sylla a promis de poursuivre le dialogue avec tous les acteurs pour éviter certaines difficultés que l'entreprise a connues dans le passé.
"Je leur ai que je n'ai pas un syndicat, j'ai des salariés et je prendrai la personne qu'il faut pour la mettre à la place qu'il faut et c'est sur ça que nous sommes en train de travailler", a-t-il déclaré.
"La société a connu beaucoup de difficultés dans le passé et si nous ne faisons pas attention, nous risquons de retomber dans les mêmes travers. C'est pour cela que je privilégie le dialogue avec les acteurs", a-t-il- dit.