Les Togolais sont allés aux urnes, hier lundi 29 avril 2024, à la faveur des élections législatives et des premières régionales de l'histoire du pays. Ce rendez-vous était le bon, ce double scrutin ayant été reporté plusieurs fois.
Plus de 4,2 millions d'électeurs étaient appelés à désigner les 113 députés qui composeront la future Assemblée nationale et les 179 conseillers régionaux. Ces conseillers régionaux vont constituer le corps électoral pour la désignation des 2/3 des membres du Sénat, les 1/3 restants devant être nommé par le président de la République, conformément à la Constitution togolaise.
Si ces élections législatives et régionales se sont relativement bien déroulées, avec une moindre affluence à la mi-journée, elles interviennent dans un contexte politique tendu au Togo. Aussi revêt-il des enjeux majeurs pour le pays, en ce qu'il pourrait redéfinir le paysage politique. Depuis l'adoption, le 19 avril dernier d'une nouvelle Constitution faisant passer le Togo d'un régime présidentiel à un régime parlementaire, l'opposition broie du noir. Dans le nouveau régime parlementaire, le président est élu par le Parlement et non pas directement par le peuple, pour un mandat de quatre ans renouvelables une fois et non cinq ans comme auparavant.
Ce mode de désignation fait redouter aux leaders de l'opposition, tels Jean-Pierre Fabre et Brigitte Adjamagbo Johnson, des manoeuvres au sommet de l'Etat. Les opposants voient, à travers le régime parlementaire, une volonté du président Faure Gnassingbé, qui a succédé à son défunt père en 2005, de confisquer le pouvoir en instaurant une dynastie.
Les partisans du pouvoir s'en défendent, prétextant que cette réforme rend les instances du pouvoir plus représentatives au Togo. Dans ce climat politique incertain, les opposants espèrent, à ce double scrutin, prendre le dessus sur la majorité présidentielle, eux qui avaient boycotté les législatives de 2018, pour des irrégularités liées au processus d'enrôlement des électeurs.
Les adversaires au clan Gnassingbé ont-ils pu convaincre les électeurs que l'opposition se positionne comme une vraie alternative pour conduire le Togo vers des lendemains plus reluisants ? Le verdict des urnes nous le dira. On a beau observer sa détermination à vaincre le régime en place par les urnes, il n'est pas évident pour l'opposition togolaise d'atteindre cet objectif, après pratiquement 6 ans d'absence.
A moins que les Togolais ne décident autrement. Bien implanté sur le territoire national, au point de constituer une force politique de premier plan, le parti au pouvoir, l'Union pour la république (UNIR) entend conserver sa majorité absolue. Le parti présidentiel qui avait remporté sur 59 sur 91 sièges de députés en 2018, espère faire mieux et pourquoi pas rafler tous les 113 sièges à pourvoir. A la vérité, l'UNIR part favori à ce scrutin et ne devrait pas « taper poteau », comme disent nos voisins ivoiriens.
Le manque d'alliances électorales au sein de l'opposition devrait profiter au clan présidentiel. En cas de victoire de son parti, Faure Gnassingbé, quatre mandats consécutifs au compteur, pourrait rester aux affaires encore plusieurs années. Il reste à espérer, que les résultats issus des urnes ne fassent pas l'objet de violentes manifestations, en cas de contestations. Le Togo etant coutumier des violences électorales, le souhait est que les esprits ne surchauffent pas à l'issue de cette double élection.