La Chief Executive Officer (CEO) de l'Association of Mauritian Manufacturers (AMM), Shirin Gunny, souhaite apporter sa réflexion sur la problématique de l'emploi et de leviers à actionner pour résoudre cette crise qui touche toutes les industries, y compris celle de l'industrie manufacturière. Elle intervenait hier matin lors de l'assemblée générale de l'association qui a vu l'élection d'un nouveau président, Laurence Wong. Celui-ci a succédé à Julien Audibert à ce poste.
«Notre ADN nous amène à nous interroger sur la part locale de la main-d'oeuvre, pour que l'on puisse continuer à dire : ena nou lame ladan», explique la CEO. Et de plaider en faveur de la réduction des importations et une moindre dépendance vis-à-vis de l'extérieur via le Made in Moris. Du coup, elle s'interroge sur le recours grandissant aux ressources humaines étrangères et propose d'explorer les solutions locales pour pallier ce manque de main-d'oeuvre. À cet effet, Shirin Gunny estime que l'inclusion et la féminisation de l'industrie et du secteur manufacturier se présentent comme une réponse prometteuse.
Julien Audibert, président sortant de l'AMM, note de son côté que l'année écoulée a été une période d'accomplissements remarquables pour l'AMM et le label Made in Moris. Il souligne que l'association a tracé des voies stratégiques qui ont renforcé son positionnement et consolidé son engagement envers une industrie locale de qualité. «La création d'un espace dédié au Made in Moris à l'aéroport s'annonce comme une plateforme inégalée pour accroître la visibilité et la croissance de notre label», dit-il. De plus, le financement d'un programme d'accompagnement «En route vers le Made in Moris» ouvre, selon lui, les portes à 120 nouvelles entreprises au cours des trois prochaines années, renforçant ainsi son réseau d'entreprises engagées.
Le nouveau président, Lawrence Wong, se dit heureux de relever ce défi. Face à des enjeux importants comme l'économie circulaire, la crise de l'emploi, la décarbonation de l'industrie, il lance un appel à la mobilisation. «L'industrie mauricienne a toujours été une force motrice de notre économie, et elle doit le rester. Nous devons unir nos forces et travailler ensemble pour surmonter les obstacles qui se dressent sur notre chemin.»
Naveena Ramyad, nouvelle ministre du Développement industriel, des PME et des coopératives, estime important pour sa part que l'AMM implique, dans ses actions et ses programmes, les PME. «C'est une approche d'intégration qui correspond à la vision de mon ministère. Nous nous rejoignons aussi sur l'importance de l'import-substitution et de l'approvisionnement local.»
Cette journée s'est achevée par un forum sur la diversité et l'inclusion comme leviers de compétitivité du secteur manufacturier. Myriam Blin, Gender Economist, qui a animé ce forum, rappelle qu'en 2022, le secteur manufacturier représentait 17,5 % de l'emploi total, dont 30 % de femmes. Aujourd'hui, il existe 185 000 femmes sans emploi, soit des talents non exploités. «Les solutions existent pour attirer davantage de femmes dans l'industrie manufacturière. Il faut un engagement de la direction, réaliser un audit des inéquités, développer une culture inclusive et investir dans le développement professionnel des femmes», insiste-t-elle.