Guinée: Persécution des Médias dans le pays - La mollesse complice des institutions multilatérales politiques et économiques

Une triste réalité qui ne peut passer inaperçue.

Il n'est un secret pour personne en Guinée ou en dehors de la Guinée, pour qui s'intéresse tant soit peu à l'actualité de ce pays, tant au niveau des citoyens, que des pays amis ou partenaires au développement, que le pouvoir mis en place par le CNRD suite à un coup d'Etat, persécute des médias privés depuis novembre 2023.

Si les signes annonciateurs de cet acharnement du pouvoir de Mamadi DOUMBOUYA contre les hommes de la plume et du micro étaient déjà perceptibles peu après l'allégeance que lui ont fait tous les corps constitués de la république, combinée à l'accueil populaire spontané du 05 septembre 2021, l'on se disait qu'il se rappellerait par moment de ses engagements personnels, et du contenu de la charte de la transition pour éviter une certaine déviance de son régime de transition. Mais hélas, c'était tout simplement un rêve, et la nouvelle machine de destruction s'est emballée contre ceux qui au quotidien, commentent les faits de la citée, en disant haut ce qui est bon, et ce qui ne l'est pas dans la conduite des affaires de l'Etat.

Les actions notables des acteurs de la diplomatie bilatérale face aux abus à l'encontre de la presse.

Au regard de cette atmosphère toxique intentionnellement créée contre l'écosystème médiatique en Guinée, l'on peut tant soit peu se satisfaire des préoccupations dont les acteurs de la diplomatie bilatérale ont fait montre. Les ambassadeurs des pays amis et accrédités en Guinée, puisque c'est d'eux qu'il s'agit, ont même mené certaines actions interpellatives en direction du pouvoir de transition face globalement à la dégradation de l'internet, la restriction des réseaux sociaux, et aux abus dont des médias étaient, et sont encore victimes. On se rappellera bien des différents communiqués produits par ces derniers dans ce sens, et des quelques rencontres qu'ils ont eues avec le ministre des Affaires étrangères, de l'intégration africaine et des guinéens établis à l'étranger.

Il est tout de même important de noter l'exception à cette remarquable action des ambassadeurs des pays amis à la Guinée. C'est bien l'ambassade de France qui semble beaucoup moins attentive à cette situation de violation des libertés fondamentales. Bien regrettable quand on sait que la France est réputée être "le pays des droits de l'homme".

Le silence et la mollesse complice des institutions multilatérales face à la violation des libertés en Guinée.

Les institutions multilatérales représentées dans tous les pays du monde y compris la Guinée, qui défendent des valeurs en rapport avec la Culture, les libertés de penser, d'opinion, politique, de presse, celles qui apportent des financements au développement, des dons, et prêts aux Etats dits de démocratie, devraient être sensibles à ce genre de situation dans tout pays où elles apportent ces aides et appuis.

Malheureusement depuis six mois que des médias, oxygène de toute démocratie vraie, sont victimes d'une campagne de destruction, de persécution en Guinée, la francophonie, l'Union européenne, Le système des nations unies, l'Union africaine, la CEDEAO, brillent par un silence monacal. Pourtant, ces institutions ont leurs représentants basés en guinée, qui déroulent tranquillement leurs agendas d'activités, sont au courant de l'actualité majeure du pays, reçoivent ou sont reçus par des hauts commis du pouvoir de transition en place.

Pendant ce temps, la Banque mondiale et le FMI, l'AFD, etc.., soucieux des questions relatives à la gouvernance économique transparente, la sécurité des investissements privés, la vulnérabilité, la pauvreté, l'emploi, continuent à affecter des centaines de millions de dollars soit en dons ou appuis au développement à un gouvernement qui détruit intentionnellement des entreprises privées, pour le simple fait que ce sont des médias, employant des journalistes qui dérangent à travers des genres journalistiques très critiques à l'endroit de leur régime au quotidien. La conséquence étant des pertes d'emplois, ouvrant ainsi la porte à de nouveaux indigents et potentiels candidats à l'exil.

Le pire dans l'histoire, c'est l'absence de tout signe d'attention, d'empathie, de ceux qui, ayant l'appareil de l'Etat entre leurs mains, devraient être les premiers sensibles au sort de ceux de leurs compatriotes qui sont frappés par les chocs sociaux.

Au lieu de cela, selon des indiscrétions qui nous parviennent de sources bien au fait des secrets du système en place, les principaux artisans de cette campagne de précarisation des entreprises de presse et des hommes de médias, se moquent royalement de cette situation en ces termes : "Nous allons les détruire, et leur ferons mordre la poussière dans ce pays".

Pourtant, ces institutions multilatérales économiques susmentionnées, ne conditionnent aucunement leur partenariat actuel avec le régime de transition par le respect strict de toutes ces valeurs auxquelles elles disent tenir.

N'est-ce pas une grosse hypocrisie ?

Par analogie, on aurait même dit que nous passons pour les palestiniens de la Guinée, victimes du léviathan "Pouvoir" qui ne retient pas son coup, avec la bénédiction de ceux qui auraient pu et dû être les forces dissuasives face à la machine de destruction.

En attendant que s'arrête la persécution, place à la résilience et au stoïcisme.

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