Congo-Kinshasa: Coopération RDC /France - Un procureur anti Kagame et M23 à Paris

Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, séjourne depuis hier à Paris. Au menu de ce voyage officiel, les questions sécuritaires et de développement économique.

En matière de sécurité, le président Tshisekedi met les bouchées doubles pour venir à bout de la rébellion du Mouvement du 23 mars, plus connu sous le sigle M23, qui gangrène l'est de son pays depuis une bonne vingtaine d'années. L'armée congolaise, qui n'est pas des mieux organisées ni des plus motivées, peine à réduire ces groupes armés qui déstabilisent cette région du pays. La présence des Casques bleus de la Mission des Nations unies pour le Congo (MINUSCO) n'y a rien pu faire.

Dès son arrivée au pouvoir en 2019, le président Tshisekedi en a fait l'une de ses priorités. Mais la réforme de l'armée, la multiplication des recrues et l'appel sous le drapeau de volontaires civils n'ont pas ramené la sécurité dans le Sud-Kivu, à l'est du pays. La principale raison de cette forte résistance de la rébellion, c'est d'être soutenue par le Rwanda voisin. Le président Paul Kagame a beau nier cette évidence, il ne convainc personne. Les exportations de minerais, notamment du Cobalt par le Rwanda, qui n'a pourtant pas de gisement connu en la matière, est la plus grande preuve que Paul Kagame a sa main dans le cambouis d'insécurité persistante à l'est de la RDC. Au contraire, avec une volonté de captation en prébendier de minerais congolais, l'homme fort de Kigali maintient le M23 à flots.

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Félix Tshisekedi est donc à Paris pour convaincre le président Macron d'user de son influence auprès de l'Union européenne, de l'ONU et de la Francophonie pour des sanctions contre le Rwanda. C'est en procureur déterminé avec de quoi meubler son réquisitoire qu'il est allé voir son homologue français. Il attirera une nouvelle fois l'attention des autorités françaises et de l'Union européenne sur leur politique du deux poids deux mesures : celle qui consiste à s'émouvoir et à décider rapidement d'une batterie de lourdes sanctions contre la Russie en raison de son invasion de l'Ukraine, à y convoyer armes, munitions et des milliards d'euros d'aides, tout en gardant un silence coupable, voire complice, sur l'agression que subit depuis trop longtemps la RDC de la part du Rwanda par l'entremise du M23.

Félix Tshisekedi sera-t-il entendu dans son plaidoyer pro domo ? Rien n'est moins sûr, car Paris, en délicatesse avec Kigali depuis le génocide des Tutsis en 1994 pendant lequel la France n'avait pas joué le beau rôle, est soucieux de se dédouaner de sa responsabilité dans cette tragédie. C'est pourquoi Emmanuel Macron joue à l'équilibriste dans ce dossier, lui qui a condamné à plusieurs reprises les soutiens au M23, d'où qu'ils viennent, sans jamais pointer du doigt Paul Kagame, encore moins appeler à des sanctions contre le Rwanda.

Néanmoins Félix Tshisekedi aura eu le mérite d'aller à Paris dires ses vérités à l'un des membres permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, par ailleurs voix influente de l'Union européenne. Le retour de la paix à l'est de la RDC est plus important que le forum des hommes d'affaires organisé rue Bercy à l'occasion de ce voyage officiel. L'explication ? Peut-on faire de bonnes affaires licites dans un pays en guerre ? On comprend alors pourquoi Félix Tshisekedi ne ménage pas sa peine de procureurs anti Kagame et anti M23.

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