Le président de la République a pris part au sommet des chefs d'État pour le financement de l'Association internationale de développement (IDA), au Kenya. Portant la voix de Madagascar et de l'Afrique, il a appelé à une hausse substantielle des appuis financiers à la lutte contre la pauvreté.
Renforcer le financement de la guerre contre la pauvreté. C'est l'appel lancé par Andry Rajoelina, président de la République, durant le sommet des chefs d'État initié par l'Association internationale de développement (IDA), au Kenyatta Convention International, à Nairobi, Kenya, hier.
"Les dépenses militaires mondiales ont enregistré en 2023 leur plus forte hausse en dix ans, atteignant 2.400 milliards de dollars, en raison de multiples conflits, notamment, la guerre en Ukraine. Mais combien allons-nous investir pour sauver des vies sur le continent africain", lance le locataire d'Iavoloha à une assistance composée de contributeurs et de bénéficiaires des financements de l'IDA. Sur les soixante-quinze bénéficiaires des appuis financiers de l'IDA, trente-neuf sont des pays d'Afrique, notamment de l'Afrique subsaharienne, dont Madagascar.
Fondée en 1960, l'IDA est une institution de la Banque mondiale. Elle fournit des dons ou des prêts à taux réduit ou nul, destinés à être investis dans des projets catalyseurs de croissance économique. "Réduire les inégalités et améliorer les conditions de vie des populations", sont aussi parmi ses objectifs. Le rendez-vous de Nairobi a, justement, eu pour but de convaincre ses contributeurs à mettre la main à la poche pour reconstituer les ressources de l'IDA. Ceci, pour lui permettre de financer son 21e programme d'aide ou de prêt (IDA21).
À l'issue de la dernière réunion de haut niveau pour l'IDA20, une hausse conséquente des fonds rassemblés a été enregistrée. Une enveloppe de 93 milliards de dollars a été utilisée pour l'IDA20. La Grande île en a bénéficié de plus de 600 millions de dollars. De l'argent investi dans la réhabilitation de la Route nationale 44 (RN44), ou encore celle de la RN12 qui est toujours en cours. Le chantier de la RN10 qui sera lancé incessamment sera également financé par l'argent acquis dans le cadre de l'IDA20.
Outre les infrastructures, les fonds de l'IDA ont également été mis à contribution dans les politiques sociales pour atténuer les effets de la crise sanitaire. Il y a aussi la lutte contre le "Kere" dans le Sud. Dans un tout autre domaine, il y a le projet de distribution de certificats fonciers pour sécuriser les terres des paysans.
Investir pour la population
"Depuis que je suis à la tête du pays, la coopération avec la Banque mondiale a permis une évolution positive de la croissance grâce à un programme décennal, diminuant le taux de malnutrition chronique de 42% à 38% entre 2018 et 2021", note Andry Rajoelina.
À l'instar des autres pays bénéficiaires des fonds de l'IDA, Madagascar ne veut pas voir la dynamique s'enrailler et souhaite une hausse des crédits et des dons. "Malgré ces avancées majeures, nous faisons toujours face à des défis compliqués et la résilience est de plus en plus difficile. Madagascar a encore besoin de financements conséquents pour rattraper le retard de développement accumulé durant les dernières décennies", affirme ainsi le locataire d'Iavoloha.
Une quinzaine de chefs d'État et de gouvernement africains ont plaidé pour une reconstitution conséquente de la trésorerie de l'IDA. Les négociations se sont poursuivies durant une séance à huis clos. Pour Madagascar, la plaidoirie porte sur les priorités que sont "le développement du capital humain, la consolidation des efforts nationaux pour faire face aux changements climatiques et le renforcement de la résilience, la création d'emplois, ainsi que l'amélioration de la connectivité et des services numériques".
Le renforcement du capital humain, notamment, la lutte contre l'insécurité alimentaire est une priorité sur laquelle les chefs d'État africains s'accordent. Pareillement sur la résilience face aux changements climatiques et la connectivité. De même pour le renforcement du secteur énergétique que Andry Rajoelina a souligné dans son discours. Des arguments confortés par Mohammed Ould Ghazouani, président de la Mauritanie, et président en exercice de l'Union africaine.
Afin de convaincre les contributeurs de l'IDA, le locataire d'Iavoloha a, du reste, appuyé sur la fibre humanitaire. Tandis que les puissances mondiales dépensent sans compter dans le réarmement, il plaide que, "ce ne sont pas seulement les armes conventionnelles qui tuent. Il y a d'autres fléaux qui font beaucoup plus de victimes, comme la famine, les maladies et les catastrophes naturelles. (...) Ces fléaux tuent et déplacent des millions de personnes chaque année. Créant une crise humanitaire sans précédent".
Soulignant le cas de Madagascar, il rappelle qu'à cause des changements climatiques, les cyclones sont de plus en plus fréquents et dévastateurs. À contrario, le Sud connaît d'année en année une baisse du taux de pluviométrie. Des phénomènes climatiques dont les conséquences sont dramatiques sur le plan humanitaire. Sur l'ensemble du continent africain, plus de deux-cent mille enfants souffrent de malnutrition. "Face à ces défis, des solutions pérennes à travers des investissements pour la population sont bien plus puissantes que les chars et les missiles", recommande alors Andry Rajoelina.