Congo-Kinshasa: Boma - Un séminaire dresse le bilan de la couverture médiatique des élections

L'Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa) a organisé, le 29 avril à Boma, dans la province du Kongo Central, un atelier de formation au bénéfice des professionnels des médias de cette ville. Il a notamment permis aux participants d'évaluer la couverture médiatique du processus électoral.

La chercheure au sein de l'Olpa, Nancy Zombo, a rappelé que l'activité s'inscrivait dans le cadre du projet «Renforcement des capacités des médias indépendants durant le processus électoral en RDC», appuyé par la Fondation nationale pour la démocratie. Cette activité a réuni plusieurs professionnels des médias de Boma et a coïncidé avec le scrutin des gouverneurs et des sénateurs dans plus ou moins vingt provinces du pays.

Pour Nancy Zombo, la presse, qui est le quatrième pouvoir, est appelée à jouer un rôle actif et ouvert, notamment en donnant une bonne information sur le processus électoral.

De son côté, le chef de division unique de la mairie de Boma, Henri Khonde, qui a officiellement ouvert le séminaire au nom du maire de la ville, a exhorté les participants à capitaliser les acquis de ces assises au bénéfice de la communauté qui a plus besoin de bonnes informations puisées à la source, et non les nouvelles erronées distillées ci et là pour le besoin sensationnel.

Pour sa part, le chef de bureau urbain de la communication et médias de la ville de Boma, Popol Ntula Vita, a centré son exposé sur l'accompagnement de la presse locale par les autorités. Il a fait un bref aperçu historique de l'avènement des médias dans la ville de Boma, en 1998. Plus de vingt-cinq ans après, il a indiqué que la ville compte actuellement près d'une dizaine de médias. Au départ, il y avait la Radio Sango Malamu, la Radio-télé Boma, la Radio-télé Kintuadi et la Radio télé diocésaine Nguanzali. Quelques années plus tard, naîtront Radio communautaire de Boma, Radio-télé soleil, Santé radio télévision.

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"C'est entre 2020 à 2023 que Radio Biombula FM, radio Maquis FM, Radio télé de l'Alliance, Radio Tuzolana FM, et la Radio liberté de Boma feront leur entrée dans cet espace médiatique", a expliqué le chef de bureau urbain des médias et de la communication. Il a informé qu'à son arrivée à la tête de ce bureau, il a mis un accent particulier sur le vrai rôle des médias qui est d'informer, de former et de divertir. Il en est aussi de la collaboration entre les autorités locales et la presse, mais surtout sur le respect du code d'éthique et de déontologie des journalistes en République démocratique du Congo. Popol Ntula Vita a exhorté les acteurs de la presse à bannir l'injure, la diffamation, la médisance, la déformation des faits, l'incitation à la haine tribale, ethnique et religieuse.

La troisième intervention a été celle de Nana-Madeleine Dimbi Mbungu, point focal de l'Union nationale de la presse du Congo (UNPC/Boma). Elle s'est appesantie sur "Le travail abattu par les journalistes de Boma durant le processus électoral: points forts et faibles". Elle a insisté sur le fait que le rôle du journaliste dans un processus électoral est d'informer le public sur le déroulement des élections. "Sa liberté et sa responsabilité vont de pair. De manière générale, le processus électoral à Boma s'est déroulé dans un climat apaisé. Toutefois, des tensions ont été enregistrées du côté des candidats et des électeurs", a-t-elle souligné.

Un processus géré dans le respect des textes

Pour Dimbi Mbungu, le processus électoral à Boma avait été géré dans le respect des normes. EIle a souligné l'existence du cadre légal, la liberté d'accéder aux sources d'information, la bonne collaboration entre la Centrale électorale et les médias, l'accès libre aux centres et bureaux de vote, la liberté dans le traitement et la diffusion des informations collectées, la liberté d'organiser les émissions interactives avant, pendant et après les élections, l'accès libre de la population aux médias pour faire entendre sa voix, la bonne collaboration entre acteurs des médias, la réalisation de reportages dans la quiétude et la couverture inclusive de différentes étapes de vote dans différents centres.

Selon elle, tout ceci constitue des avancées. Mais, elle a néanmoins déploré la violation du code d'éthique et de déontologie professionnelle par certains journalistes et autres professionnels des médias. "Certains médias se sont transformés en presse de propagande, déterminés à défendre les intérêts politiques de leurs propres candidats et à diaboliser leurs adversaires politiques", a-t-elle regretté.

Difficile accréditation de la presse

Dans son intervention, le chef d'antenne de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Grégoire Mananga, a critiqué la couverture médiatique des opérations électorales à Boma. A son avis, de manière générale la presse locale a été absente du processus électoral. "Celle-ci venait rechercher des informations sur les activités de la Céni sans jamais solliciter l'accréditation pour couvrir officiellement les opérations électorales. Plusieurs journalistes ont été réticents à obtenir les accréditations mais se sont retrouvés dans les centres de vote pour suivre le déroulement des scrutins", a-t-il fait observer.

Les différentes communications ont donné lieu aux travaux en groupe. Le premier a travaillé sur les médias de Boma face au processus électoral et le second sur le partenariat presse locale-Céni-autorités politico-administratives-société civile. Dans les recommandations formulées, la Céni a été appelée à intensifier la collaboration avec la presse, en l'incluant fortement dans toutes les étapes du processus électoral, à améliorer la communication en allant vers les médias au lieu d'attendre que les médias aillent vers elle, à faire le suivi des candidats qui tiennent des discours de nature à enfreindre le bon déroulement du processus.

A l'Etat congolais, les participants ont demandé de remplir son obligation légale de subventionner la presse, surtout lors des événements électoraux, de tout mettre en oeuvre pour renforcer la sécurité des bureaux de vote. Les médias, eux, ont été exhortés à ne pas attendre les subventions pour couvrir les élections, à se mettre en synergie pour faire pression sur le gouvernement pour obtenir les subsides.

A l'Olpa et l'UNPC, les participants ont conseillé une collaboration étroite pour sécuriser les journalistes contre les atteintes à la liberté de la presse, en dénonçant les cas y relatifs, à intensifier les ateliers de renforcement des capacités pour assurer le professionnalisme avant, pendant et après les élections.

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