Burkina Faso: Les syndicats dénoncent un acharnement contre Moussa Diallo et s'interrogent sur le dialogue voulu par la junte

Au lendemain de la fête du Travail, les représentations syndicales burkinabè dénoncent les mesures punitives prises à l'encontre d'un de leurs représentants. Moussa Diallo, le secrétaire général de la CGTB - la principale confédération syndicale du pays - a, en effet, été licencié la semaine dernière par l'Université de Manga où il était employé.

Au Burkina Faso, Moussa Diallo a été renvoyé pour absentéisme alors qu'il fait l'objet de menaces de mort de la part de supporters du pouvoir en place, Moussa Diallo est contraint de se cacher pour éviter d'être enlevé ou arrêté. Son licenciement, décidé en Conseil des ministres, scandalise l'ensemble des syndicats du pays qui dénoncent un acharnement contre un leader syndical.

Depuis le 31 octobre dernier et le projet avorté d'un meeting syndical pour dénoncer les dérives du pouvoir, le leader de l'intersyndicale CGTB fait l'objet de menaces et de tentatives d'enlèvement. Aussi Moussa Diallo s'est-il caché sans pour autant bénéficier d'un soutien des autorités ou de son ministère de tutelle qui, bien au contraire, ont validé son licenciement le 25 avril dernier.

Ce que dénoncent ses camarades syndicats à travers de nombreux communiqués, c'est un licenciement qu'ils qualifient de « cynique ».

« Il y a eu des menaces par des personnes qui sont, en fait, des partisans du pouvoir en place et aucune autorité, ni du gouvernement, ni du pouvoir, n'a levé le ton pour ramener à la raison tous ceux qui font ces menaces, regrette Souleymane Kologo, de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l'éducation, joint par Frédéric Garat de la rédaction Afrique. Ni le ministre de la Sécurité, ni le ministre de la Fonction publique n'ont levé le petit doigt pour dire quoi que ce soit. »

Au-delà d'une passivité du gouvernement jugée complice par les syndicats, ces derniers s'alarment de la liberté syndicale gravement menacée au Burkina Faso.

« Il y a une atteinte aux libertés syndicales, c'est un fait, parce que les libertés sont de plus en plus restreintes, parce que, quand même, si on doit avoir peur des terroristes qui nous agressent en brousse et aussi avoir peur de notre État, avouons qu'on n'est pas dans des conditions pour être à l'aise et travailler de manière sereine au développement du pays », poursuit Souleymane Kologo.

Sous-jacent à cette pression sur les syndicats burkinabè, bon nombre d'entre eux s'interrogent : comment faire pour engager un dialogue national voulu par la junte si l'une des principales composantes du tissu social burkinabè n'a pas le droit de s'exprimer ?

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