Nigeria: Diphtérie - MSF appelle à constituer des stocks de secours et investir davantage pour lutter contre la maladie

Même si le pic des contaminations est passé au Nigéria, MSF appelle les bailleurs et les pouvoirs publics à ne pas se désintéresser de la diphtérie. Maladie infantile oubliée car éradiquée par la vaccination dans de nombreuses parties du monde, cette sorte d'angine tueuse a ressurgi en mai 2022 sur le continent africain, surtout au Nigeria, où l'épidémie est toujours en cours.

Au plus fort de l'épidémie dans le nord du Nigeria l'année dernière, les soignants ont été confrontés à une pénurie de vaccins et de traitement, l'antitoxine diphtérique. Impossible donc d'immuniser toutes les personnes vulnérables et de traiter efficacement tous les cas les plus graves sur les territoires les plus touchés par la résurgence de la diphtérie, une maladie qui se caractérise par un mal de gorge intense, de la fièvre, de la fatigue et la formation d'une membrane grisâtre dans la gorge et sur les amygdales.

Par exemple, au Nigeria, en novembre 2023, selon l'Unicef, seuls 7,8 millions d'enfants étaient vaccinés sur 14 millions à vacciner. Depuis le pic de juillet dernier au Nigeria, 98.9 % des 35 324 cas suspects et 923 décès enregistrés depuis 2023 l'ont été dans les États de Kano, Yobé, Bauchi, Katsina et Borno, le nombre de contaminations mensuelle baisse mais reste élevé.

« Flambées épidémiques actives »

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Le Niger, la Guinée, la Mauritanie et l'Afrique du Sud sont aussi concernées par des « flambées épidémiques actives », selon l'OMS. Au Niger et en Guinée, la situation de cette maladie qui peut entrainer des problèmes respiratoires, et la mort dans les cas les plus graves, stagne. Pour le Niger, où des cas sporadiques étaient enregistrés dès 2021 avant une flambée épidémique en 2022, 3 398 cas suspects, dont 229 décès, ont été enregistrés en 2023. L'an dernier, la région de Zinder représentait 76 % des cas. Depuis le début de l'année 2024, elle ne représente « plus » que 50 % des cas, les autres étant principalement répartis entre les régions d'Agadez (23 %), de Tahoua (18 %).

Pour la Guinée, où la flambée des cas a été enregistrée en août 2023, 78 décès (2 240 cas suspects) ont été enregistrés en 2023, 16 décès depuis début janvier (2 709 cas). La très grande majorité des cas (98 %) est recensée dans le district sanitaire de Siguiri, dans le nord-est de la Guinée, près de la frontière avec le Mali.

Faible couverture vaccinale

Selon MSF, 65 % des patients atteints de diphtérie ne sont pas totalement vaccinés. La demande étant irrégulière, le retour sur investissement incertain, les laboratoires privés qui fabriquent vaccins et traitements rechignent à doper significativement leurs productions. MSF appelle l'Organisation mondiale de la Santé et les pouvoirs publics à constituer des stocks de secours comme c'est le cas pour la fièvre jaune et le choléra, à investir davantage pour rattraper les carences en vaccination et à développer des traitements plus faciles à déployer sur le terrain.

L'appareil de production n'est pas adapté pour faire face à une flambée soudaine avec un pic épidémique.

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