En Centrafrique, la Cour pénale spéciale a officialisé mardi l'émission d'un mandat d'arrêt international contre l'ex-président Bozizé. Pour les défenseurs des droits humains, cette décision de la CPS est un pas en avant dans la lutte contre l'impunité, mais la Cour, dont le mandat couvre les faits commis depuis 2003, doit s'assurer de poursuivre tous les responsables de violations des droits humains dans le pays.
« Entrer c'est facile, sortir c'est difficile. » C'est ainsi que les gardes de la prison de Bossembele accueillaient leurs détenus dans le « Guantanamo centrafricain », où les sévices pouvaient aller jusqu'à la mort. Selon la CPS, l'ancien président Bozizé est suspecté de responsabilité personnelle et hiérarchique pour des crimes commis dans cette prison, où le centre de détention avait été transformé en prison politique et lieu de torture.
Pour Samira Daoud, directrice d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, poursuivre François Bozizé est une avancée dans la lutte contre l'impunité. « L'annonce est pour nous une étape très encourageante dans ce travail pour la justice en faveur des victimes. Et c'est beaucoup plus encourageant, car c'est un mandat d'arrêt délivré à l'encontre de suspects de haut niveau », se réjouit-elle. Et tout comme la CPS, elle appelle « les autorités de la Guinée-Bissau à mettre en oeuvre ce mandat en arrêtant et en remettant l'ancien président Bozizé ».
Toutefois, ce mandat d'arrêt est un pas très important, mais pas encore suffisant, car selon elle, au moins 25 mandats d'arrêt de la CPS sont actuellement non exécutés.
Ainsi, Joseph Bindoumi, le président de la Ligue centrafricaine des droits de l'Homme, appelle la Cour pénale spéciale à poursuivre tous les dossiers, sans exclusive. « Il y a des autorités qui sont sur place aujourd'hui, qui ont un mandat contre eux, mais qui s'interdisent de les faire sortir. Ça fait polémique. Est-ce que vraiment, on veut punir des coupables, ou bien on veut sélectionner des gens dont l'arrestation ou la recherche fait sensation ? », s'interroge-t-il.
En novembre 2021, l'ex-rebelle et ministre de l'Élevage Hassan Bouba avait été libéré des geôles de la CPS quelques jours seulement après son arrestation.