Au Gabon, ce 1er mai 2024, les syndicats n'ont pas hésité à alerter le pouvoir sur la situation sociale du pays, au lendemain de la remise des conclusions du grand Dialogue national. « Toutes les revendications des travailleurs contenues dans les différents manifestes n'ont jamais fait l'objet d'une prise en compte », rappelle un délégué syndical. Le Premier ministre de transition, Raymond Ndong Sima, lui, invite à la patience : « Le changement prend du temps. Le pays a accumulé un passif qui vient de loin. »
Au Gabon, la fête du Travail est tombée au lendemain de la remise des conclusions du Dialogue national. La concertation organisée suite au coup d'État d'août dernier a accouché d'environ un millier de recommandations : diversification de l'économie, préférence nationale pour certains marchés, nationalisations...
Pour autant, la situation sociale reste délicate : 80 000 fonctionnaires seraient en attente de régularisation, sans compter la grogne dans les secteurs judiciaire, éducatif et pétrolier.
Hausse du salaire minimum, règlement de la dette intérieure, révision des conventions collectives...
Le coup d'État n'a pas calmé le front social. À l'occasion du 1er-Mai à Libreville, et malgré toutes les recommandations du Dialogue, les syndicats n'ont donc pas hésité à alerter le pouvoir.
Guy Hervé Flore Pambou-Pambou, de la Cosineq, a sollicité le gouvernement et l'organe de la junte, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) : « Toutes les revendications des travailleurs contenues dans les différents manifestes n'ont jamais fait l'objet d'une prise en compte. Le CTRI a permis aux Gabonais de rêver, dans leur esprit et dans leur chair, à un Gabon nouveau, sans heurts, sans peur. Actuellement, ce rêve n'inspire plus confiance à une frange de la population, particulièrement les travailleurs. »
Les syndicats ont demandé une hausse du salaire minimum, le règlement de la dette intérieure ou encore une révision des conventions collectives.
« Les mouvements sociaux peuvent atteindre profondément le crédit d'un pays »
Le Premier ministre a rappelé la mobilisation des autorités sur les régularisations ou encore l'amélioration du Code du travail. Mais, d'abord, Raymond Ndong Sima a demandé un climat social apaisé : « Les mouvements sociaux peuvent atteindre profondément le crédit d'un pays. Je souhaite que les organisations syndicales continuent leur sensibilisation afin que l'exercice légitime de leur droit ne dégénère pas en chantage. Le gouvernement de la transition prend pleinement la mesure de la gravité de la situation. Cependant, le changement prend du temps. Le pays a accumulé un passif qui vient de loin. »
Les autorités espèrent que l'application des recommandations du Dialogue apaise le climat et relance l'économie gabonaise.