Coup d'envoi ! La campagne est lancée. Pendant un mois, la région DIANA va devoir suivre la cadence du tam-tam. La population est obligée d'écouter en boucle les chansons retentissantes avec des paroles panégyriques. Oui, le festival commence. Ils recevront gratuitement des tee-shirts colorés.
On n'attendait plus que ça ! Les cinq districts se transformeront en de grandes scènes, les lieux historiques feront peau neuve, les quartiers périphériques seront enfin visités. Les candidats feront tout leur possible pour rencontrer les plus démunis, se rendant même dans les petites maisons des grand-mères de 80 ans pour obtenir leur bénédiction. Les palais des ampanjaka seront leur deuxième maison.
Les versets bibliques jailliront de leurs bouches, tout comme les proverbes traditionnels et les citations des grands hommes originaires de la ville. Ce sera un cinéma sponsorisé par les différentes associations natives des régions. Les figures emblématiques seront payées cash pour les escorter sur l'estrade. Le sang des zébus colorera le sol. Le kilo de viande sera gratuit, les sacs de riz seront distribués aux universitaires. Une chance qu'il faut saisir coûte que coûte, sinon il faut attendre cinq ans.
Mais la population n'est pas dupe. Elle est tout à fait consciente. Elle connaît par coeur les discours creux que ces marchands de sable vont tenir, à savoir des permis de construire gratuits, des constructions d'écoles, des impôts réduits, des motos pour les lycéens, des implantations d'usines. Bref, que du bla-bla et des verbiages ridicules.
En fait, ce qui intéresse le citoyen lambda, c'est la bouffetance, car cela fait des années que leur ventre émet un son vide. Donc, adjuger au plus offrant serait la meilleure idée. Il ne va pas écouter ceux qui ont des programmes bien déterminés. D'ailleurs, la plupart du temps, ces « candidats consciencieux » ne mettent pas le paquet. Ce sont des théoriciens pauvres, incapables de subvenir aux besoins du « vahoaka » à court terme. Leurs propos sont tellement réalistes que le public bâille. Les artistes en herbe ne sont pas en reste.
Pour certains, la campagne est une courte période durant laquelle ils exposeront leur talent en animant le public qui a longtemps attendu des spectacles gratuits. Effectivement, tout le monde sera gâté. La campagne électorale est l'art de dissimuler la misère du peuple. « Quand l'argent parle, la vérité se tait ». Alors, un mois de silence pour le franc-parler ! « La propagande c'est cette grande pelle avec laquelle les politiciens creusent la tombe du peuple», disait Cerveau Kotoson.