Ce lundi 29 Avril 2024, le Togo a connu ses premières élections législatives et régionales sous l’ère de la nouvelle Constitution qui consacre le régime parlementaire.
Après les péripéties très controversées qui ont marqué le vote de la révision constitutionnelle, et qui ont provoqué un léger report de la date du scrutin, le pouvoir en place avec le parti du président Faure Gnassingbé, UNIR devait faire face à l’opposition, pour une élection aux allures de référendum.
Près de 2350 Candidats étaient en lice pour les 113 postes de député à l’Assemblée nationale, et 179 conseillers régionaux sur les 234 listes en compétition.
Les leçons de cette élection doivent sans aucun doute être situées au moins à trois niveaux, et les premières tendances semblent le confirmer.
D’abord, il y'a le poids du boycott des législatives par l’opposition, qui fondamentalement a pu jouer sur les résultats du vote. Le parti du Président Faure et ses alliés ont eu toute la latitude de dérouler leur programme et de faire état de leurs réalisations gouvernementales, tandis qu’en face, l’opposition radicale a opté pour la contestation, non pas sur le terrain, mais dans les réseaux sociaux. C’est vrai, les réseaux sociaux constituent une dimension essentielle dans la communication politique, mais ils doivent s’adosser à une présence sur le terrain et ce qui a fait défaut à l’opposition qui s’est manifestée de manière audible et visible que pendant la campagne.
Ensuite, le second niveau est que la stratégie de l’UNIR visant à faire de ces élections un référendum dont les termes ont été assez bien explicités. Pour eux il s’agit de voter pour ou contre un présidentialisme fort. De ce point de vue ils ont embrayé sur les suites de la contestation de la nouvelle constitution qui a été adoptée le 19 Avril dernier.
Il est clair aujourd’hui, que les tendances lourdes un peu partout sont en défaveur d’un hyper-présidentialisme, qui donne au Président de la République des pouvoirs exorbitant. Ainsi les partisans d’UNIR ont fait d’une pierre deux coups. D’abord, ils réussissent avec leur majorité à voter une nouvelle constitution, qui crée un poste de Président du Conseil, élus par les députés à l’Assemblée nationale avec l’essentiel des pouvoirs de l’actuel président de la République. Ensuite, ils se projettent dans la continuité dans l’exercice du pouvoir, car au vu des tendances, le Président Faure n’aura aucun mal à promulguer la loi sur la nouvelle constitution et peut être se faire élire, avec son dauphin pour un autre mandat de 6ans, assuré qu’il est de sa victoire. L’affaire semble donc pliée.
Enfin, ceux qui pensaient que le phénomène de l’usure du pouvoir aller jouer, se rendent compte aujourd’hui que les togolais ont fait leur choix, entre des candidats et des listes qu’ils connaissent et ceux qui ne sont pas connus dans le landerneau politique, et qui briguent leurs suffrages. Entre les deux ils ont opté pour la stabilité avec en prime un président avec des pouvoirs limités même s’il y'a une forte probabilité qu’il puisse avec sa majorité mécanique songer à « l’éternité ». Rien ne l’en empêche.