Sénégal: Des acteurs des douanes saluent la baisse de la valeur marchande assujettie à la déclaration préalable d'importation

Dakar — L'élargissement de la déclaration préalable d'importation (DPI) aux marchandises d'une valeur de 500.000 francs CFA, jusque-là appliquée à celles d'une valeur au moins égale à 1 million, est saluée par des acteurs douaniers interrogés par l'APS, même si cette nouvelle mesure peut "compliquer" les tâches de certains acteurs des douanes.

La DPI ne concernait que les importations d'une valeur de 1 million de francs CFA. Elle est désormais appliquée aux importations d'une valeur de 500.000 francs CFA, selon la direction générale des douanes (DGD).

"Dans le cadre de l'amélioration continue de la qualité du service offert aux usagers, la direction générale des douanes informe que la déclaration préalable d'importation est obligatoire, à compter du 1er mai 2024, pour toute importation de marchandises d'une valeur FOB (sans les frais de transport et autres frais et taxes afférant à une marchandise, sans les assurances pour la même marchandise) supérieure ou égale à 500.000 francs CFA", annonce l'administration douanière dans un communiqué.

La DGD estime que la DPI devrait aider à garantir un "traitement équitable des opérateurs économiques" et assurer une "disponibilité anticipée des informations et statistiques permettant aux autorités en charge du commerce de prévoir les stocks de denrées de première nécessité".

Cette mesure va engendrer "des répercussions sur les petits importateurs", a dit à l'APS Cheikh Tidiane Sy, un professionnel de l'agro-industrie.

M. Sy, directeur général d'une société spécialisée dans la transformation et la commercialisation de la tomate, estime que la nouvelle mesure de la DGD concernant la DPI pourrait "rétablir l'équité entre agents économiques, entre les industriels qui paient les droits de porte sur leurs matières premières d'une part, et les petits importateurs qui font entrer des produits finis en les saucissonnant pour échapper au contrôle de l'administration douanière".

"Par le passé, il nous arrivait de retrouver sur le marché du ketchup provenant d'Asie et commercialisé à des prix défiant toute concurrence", fait observer Cheikh Tidiane Sy, expliquant cette situation par le fait que les importateurs de ce produit alimentaire se soustrayaient au paiement de droits de douane en raison du saucissonnage de leurs marchandises.

De la même manière, ils mettaient en difficulté les producteurs et vendeurs de ketchup local, laisse entendre M. Sy.

"En ma qualité de président de la commission douanière de l'Union des prestataires, des industriels et des commerçants du Sénégal, les fabricants de peinture m'informent d'une concurrence déloyale menée sur les importations de peinture, qui les empêche d'écouler leurs produits sur le marché", a signalé M. Sy.

À son avis, la nouvelle mesure douanière peut être considérée comme une barrière contre ces pratiques commerciales.

Elle peut servir, dès lors, à "protéger" l'industrie locale et ses emplois, "au détriment des importations irrégulières", a ajouté Cheikh Tidiane Sy.

L'extension de la DPI "n'entraîne aucune nouvelle taxation"

De l'avis de M. Sy, la nouvelle mesure relative à la DPI peut contribuer à un élargissement de l'assiette fiscale et à la réduction de la pression fiscale sur les entreprises.

Le président du conseil de discipline des commissionnaires agrées en douane du Sénégal, Cheikh Loum Pouye, salue une "décision courageuse" de la DGD, à propos de la DPI.

La déclaration préalable d'importation va faciliter le "contrôle plus approfondi" des importations et permettre au ministère du Commerce de disposer davantage de "statistiques fiables", a assuré M. Pouye.

Il espère que la DPI va garantir l"'équité de traitement" entre les importateurs.

Un déclarant en douane s'exprimant sous le sceau de l'anonymat dit avoir des "craintes" quant aux résultats attendus de la DPI.

La décision de l'administration douanière risque de "compliquer" les tâches de certains professionnels de l'activité douanière, a-t-il prévenu. "Ça risque d'être difficile pour nous d'établir une seule facture pour différentes marchandises en vue de la levée de la DPI", a averti le déclarant en douane.

"Il y a des inquiétudes comme dans toute nouvelle réforme", résume-t-il, espérant que les déclarants en douane vont s'habituer à la décision de la DGD relative à la DPI.

"Il faut tout de même reconnaître que [l'extension] de la DPI n'entraîne aucune nouvelle taxation, ni des frais supplémentaires dans les opérations de dédouanement. Il n'a aucune incidence non plus sur le prix de revient des marchandises, pas davantage sur le pouvoir d'achat des consommateurs", a-t-il admis.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.