L'Association pour l'environnement et le développement durable (Apedd), une organisation non gouvernementale congolaise, a réalisé une enquête sur l'état de dégradation des terres des départements du Congo, de décembre 2023 à février 2024. Le rapport publié le 22 avril 2024, marquant la Journée internationale de la terre, indique que la destruction de la couverture végétale par l'agriculture itinérante sur brulis fait partie des principales causes de la dégradation des terres des départements du Congo.
Les modes de production et de gestion des ressources en terres par la population et le comportement de certains éléments physiques comme le climat sont aussi responsables du phénomène de dégradation des terres. Le rapport note que cette dégradation des terres limite l'évolution du couvert végétal et baisse la productivité des terres dans la plupart des départements du Congo.
Dans ces départements, la quasi-totalité des femmes et des communautés paysannes pratiquent l'agriculture itinérante sur brulis comme principale activité génératrice de revenus, donc comme moyen d'insertion sociale des groupes marginalisés, de lutte contre la pauvreté et le chômage.
Suivant les départements du Congo, la dégradation des terres a des incidences plus ou moins prononcées sur les systèmes naturels et humains. Ces deux éléments constituent la toile de fond de dégradation des terres avec son corollaire de fléaux : la perte de la capacité des sols, la réduction de la biodiversité, la baisse de la productivité des terres, etc. Ces fléaux détériorent davantage les conditions de vie des populations les plus vulnérables. Ces populations perçoivent l'inadéquation des systèmes de production et les menaces qu'elles constituent pour l'équilibre naturel.
La question de fond qui est celle de la mise en place des mesures dynamiques de protection et de conservation des ressources en terres n'est guère résolue. Les actions étatiques, pour la même cause, ne sont pas appliquées par les populations locales. Le rapport précise que la vraie difficulté qui existe dans les départements du Congo, liée aux hommes, est la persistance à appliquer des techniques agricoles qui dégradent la nature à un rythme inquiétant. Cela exige des actions urgentes de la part du gouvernement en vue d'inverser la tendance actuelle de la dégradation des terres dans certains départements, si l'on n'y prend pas garde, risque d'aboutir à des conséquences irréversibles
Face à la montée de la pauvreté et l'insécurité alimentaire impactant la gestion durable des terres dans les départements du Congo, le rapport de l'Apedd formule des suggestions aux décideurs et aux populations. Il s'agit notamment de vulgariser la loi sur la protection de l'environnement ; sensibiliser aux effets de dégradation des terres ; renforcer les capacités des femmes rurales sur l'agro-écologie et la conservation des semences ; prendre des mesures d'atténuation de dégradation des terres dans les politiques et actions de développement ; éviter les feux de brousse ; développer les cultivars résistants à la sécheresse et à la perturbation des cycles culturaux ; pratiquer l'agro-écologie.
Créée en 2000, l'Apedd, dirigée par Benoit Moundaga, oeuvre dans la protection de l'environnement, l'équilibre écologique et la lutte contre la pauvreté. Elle collecte, traite, analyse et publie les résultats de ses recherches par des séminaires et des ateliers.