Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) tire la sonnette d'alarme sur la situation du Soudan du Sud, son directeur régional pour l'Afrique Patrick Youssef alertant qu'il « Il ne faut pas que la crise au Soudan du Sud devienne une crise oubliée » : plus de 600 000 personnes sont arrivées du Soudan voisin depuis le début de la guerre, et 7 millions de personnes sont en insécurité alimentaire dans le pays. Et le CICR fait partie de celles qui réduisent leurs activités dans le pays, faute de financements suffisants.
Le directeur régional pour l'Afrique du CICR dit avoir été témoin de situations de « souffrance » importante au Soudan du Sud. Patric Youssef partage ses inquiétudes quant à l'évolution de la situation humanitaire au Soudan du Sud : il est tout juste revenu à Juba après une visite à Akobo, Malakal et Diel, trois localités dans les États du Haut-Nil et du Jonglei qui combinent instabilité politique, insécurité alimentaire et arrivées massives du Soudan voisin, en guerre depuis un an.
« J'ai eu l'occasion de passer une journée entière avec les gens qui ont fui la guerre au Soudan, mais surtout avec les résidents sud-soudanais qui leur ont ouvert leur porte. Et vous pouvez imaginer, dans un contexte où la sécurité alimentaire est une question de survie, dans ces lieux où il n'y a pas de projet générateur de revenus, il n'y a pas de vie normale quelque part. »
Patrick Youssef regrette d'autant plus la fermeture de certains projets du CICR : ce sont notamment des centres de santé qui sont touchés. « Et c'est vraiment à contre-coeur que notre délégation à Juba prend ces décisions. On comprend vraiment le besoin, on le voit, j'étais sur place. La situation humanitaire ne fait qu'empirer. »
Dans le contexte actuel d'un manque de financements, il déplore les nouvelles taxes mises en place par les autorités de Juba sur l'aide humanitaire : « Cet argent va être déduit de l'assistance qu'on pourrait apporter aux populations. Si effectivement nous marchons sur cette voie-là, à mon avis nous serons encore plus affaiblis. »
Patrick Youssef espère donc que « la raison va prendre le dessus ». Il constate que d'autres agences humanitaires ont déjà considérablement réduit leur assistance.