Mali: Nord du pays - Les rebelles du CSP veulent «un statut politique et juridique» pour l'Azawad

La coalition rebelle du nord du Mali, dont les responsables se sont réunis 25 au 30 avril, a diffusé un communiqué ce jeudi 2 mai pour préciser ses nouveaux objectifs. Le CSP-DPA (Cadre stratégique pour la défense du peuple de l'Azawad) combat désormais non seulement pour la protection des populations, mais aussi pour obtenir un statut propre pour les régions du nord, désignées sous le terme d'Azawad.

« Un statut politique et juridique » pour l'Azawad. Cette formule du Cadre stratégique pour la défense du peuple de l'Azawad (CSP-DPA) a le mérite de n'écarter aucune option, et de concilier les différentes tendances représentées au sein de la coalition rebelle : à la fois les indépendantistes issus de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) et les partisans de l'unité du Mali, issus de la Plateforme. Ces deux regroupements ont été dissous pour se « fondre dans la nouvelle structure » annoncée la semaine dernière : le Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) est devenu le Cadre stratégique pour la défense du peuple de l'Azawad (CSP-DPA), du nom qu'ils donnent aux régions du nord.

En clair, les rebelles combattent désormais soit pour l'indépendance des régions du nord - qu'ils ne pourraient obtenir que par les armes -, soit pour une autonomie de ces régions au sein de l'État du Mali. Un tel statut supposerait l'ouverture de négociations avec Bamako, qui paraissent hautement improbables avec les autorités de transition actuellement en place. Ces dernières considèrent les rebelles comme « terroristes » et refusent tout dialogue avec eux. Aujourd'hui, seule la guerre est donc envisageable, mais le CSP se projette dans l'éventualité d'un pouvoir politique malien futur plus conciliant.

En 2015, les groupes armés indépendantistes du nord avaient accepté d'enterrer cette revendication en échange d'une forte décentralisation des pouvoirs de l'État. Mais l'accord de paix signé à l'époque, dont la mise en oeuvre s'est révélée plus que laborieuse, est désormais rompu. Sur le terrain, les rebelles ont été chassés de leur fief de Kidal par l'armée malienne et Wagner en novembre dernier, et n'ont pas, à ce jour, enclenché la contre-attaque qu'ils promettent.

Les rebelles « condamnent le terrorisme sous toutes ses formes » et visent à la fois le Jnim et Bamako

Autre point notable, le nouveau CSP-DPA assure « condamner le terrorisme sous toutes ses formes ». Une manière de prendre ses distances avec les jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim), lié à al-Qaïda, contre qui les rebelles ont d'ailleurs eu récemment à combattre.

Mais c'est « principalement le terrorisme d'État institutionnalisé » qui est visé. Car les rebelles dénoncent une nouvelle fois « les exactions et exécutions extra-judiciaires » de l'armée malienne et du groupe russe Wagner contre les populations civiles, dans le nord et dans le centre du Mali.

Le nouveau CSP-DPA lance enfin une mise en garde aux autorités de Niamey et de Ouagadougou, sans les nommer : les rebelles disent « s'opposer fermement à toutes formes d'initiatives ou d'engagements » conclus entre le Mali et « d'autres pays ou acteurs, destinés à entreprendre quoi que ce soit sur le territoire de l'Azawad ». Une allusion à peine voilée à la création de l'Alliance des États du Sahel (AES) par le Mali, le Niger et le Burkina, fondée notamment sur une coopération militaire renforcée.

« L'indépendance ou l'autonomie au sein du Mali », demande Mohamed El-Maouloud Ould Ramadane, porte-parole du nouveau CSP-DPA

Après avoir changé de nom d'organisation, le porte-parole du nouveau CSP-DPA Mohamed el-Maouloud Ould Ramadane revient sur les objectifs de la structure dans un bref entretien à RFI.

Mohamed El Maouloud Ould Ramadane : Tant que notre territoire, l'Azawad, n'a pas de statut politique et juridique, il n'y aura pas de fin pour ce problème cyclique (les rébellions qui se succèdent dans le nord depuis l'indépendance du Mali, NDLR) et ce sera toujours la cause de la déstabilisation de tout le Sahel. Pourquoi pas, si c'est l'indépendance de l'Azawad qui vient mettre fin à tous ces problèmes qui sont là depuis presque 60 ans !

RFI : Cela peut être l'indépendance donc, mais cette formulation de « statut politique et juridique » n'exclut pas non plus une forme d'autonomie, au sein du Mali ?

Vous savez, notre objectif a toujours été l'indépendance de l'Azawad. Mais pour trouver des solutions, pour trouver une cohabitation, on est obligés de faire des concessions. Donc il faut revoir une autonomie ou une autre forme qui nous permette de gérer nos régions administrativement et d'une manière particulière (comme le stipulait en partie l'accord de paix de 2015, NDLR).

Un tel statut, au sein de l'État malien, implique des négociations avec les autorités de Bamako. Actuellement, cela semble peu probable...

Pour le moment, nous ne sommes pas dans une phase de négociation, parce que la junte à Bamako a déjà choisi le chemin de la guerre. C'est une guerre qu'elle nous a imposée, donc je ne vois pas comment il serait possible de négocier avec eux. Peut-être ceux qui vont diriger le Mali après cette junte, ou qui représenteront le Mali d'une manière légale ; c'est avec eux que nous allons négocier pour trouver une solution définitive et durable à ce conflit qui cause beaucoup de tort à nos communautés.

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