Congo-Brazzaville: Les souvenirs de la musique congolaise - Biographie et oeuvres de Tabu Ley Rocherau (suite et fin)

La déconvenue amoureuse et professionnelle de Tabu Ley Rochereau avec Mbilia Bel, vers la fin de l'année 1987, a sonné le glas de la carrière de Tabu Ley, icône de la musique congolaise qui a gratifié les mélomanes des chansons remarquables pendant plusieurs décennies dans le Pool Malebo et à l'étranger.

Sous la houlette d'un producteur gabonais, Mbilia Bel la "Cléopâtre", à la suite de son déconvenue amoureuse et professionnelle avec Tabu Ley, vers la fin de l'année 1987, se rend momentanément à Libreville avant de rejoindre Paris où elle accompagne le célèbre guitariste Rigo Star Bamundele dans son premier album intitulé "Phénomène", un tube explosif qui obtient un énorme succès. Pour combler le vide laissé par Mbilia Bel, Tabu Ley met successivement le pied à l'étrier à deux autres artistes féminines en l'occurence Faya Tess et Béyou Ciel, deux chanteuses qui ne sont pas de la trempe de Mbilia Bel au regard de leurs prestations dans les titres "Ebouroumoukwé", "Elozi", "Marina", chansons qui malheureusement n'ont pas fait tabac dans le paysage musical congolais. Ainsi toutes les deux n'iront pas au bout de leurs ambitions et décrocheront au début des années 90 au cours du séjour européen de l'Afrisa International. Par la suite, Béyou Ciel s'est convertie dans le Seigneur à travers des chansons religieuses par contre Faya Tess opte pour une carrière solo après un long silence dans le microcosme musical congolais.

Artiste et activiste politique d'inspiration Lumumbiste, défenseur des valeurs républicaines et démocratiques contraires à la vision du Maréchal Mobutu, Tabu Ley Rochereau connu la prison deux fois à cause de ses convictions politiques. L'on se souviendra lors d'une interview accordée à Rfi en 2003 à l'occasion de la sortie de son album "Tempelo", Tabu Ley déclare : « J'ai toujours été en controverse avec lui (Mobutu), moi j'étais républicain, eux conservateurs, on ne s'entendait pas vraiment, j'étais d'inspiration lumumbiste du côté de ceux qu'on prenait à tort pour des communistes, j'étais en revanche défenseur des valeurs républicaines et démocratiques, mes façons de voir les chansons que je faisais défendaient ces aspirations quelques peu contraires à celles de Mobutu. Donc de temps en temps, on m'arrêtait, j'ai connu la prison politique deux fois. »

Préoccupé par la situation politique de son pays, Tabu Ley prend ses distances avec Mobutu dont les dérives meurtrières et la paranoïa plongent le Zaïre dans une dictature, la brouille avec Mobutu et son régime fut la résultante qui poussa Tabu Ley à s'exiler aux Etats-Unis et en Belgique pendant plusieurs années.

A noter que c'est aux Etats Unis que l'Afrisa internationale se disloqua. A la chute du régime de Mobutu en 1997, Tabu Ley rentre au pays et s'investit dans la vie politique tout en gardant un pied dans le monde artistique. Co-fondateur du Rassemblement congolais pour la démocratie, il est député en 2005 et sera nommé vice-gouverneur de la ville de Kinshasa par Joseph Kabila en juillet 2008, puis ministre de la Culture et des Arts, poste qu'occupera également une de ses filles Yvette Tabu après la mort de Tabu Ley Rochereau, mort survenue le 30 novembre 2013 à Bruxelles des suites d'un accident vasculaire cérébral. (Fin)

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